1 - Tout quadriller

La théorie du quadrillage se rattachait au phénomène plus général de dressage des corps, mis en lumière par Michel Foucault 435 . Afin de contrôler le peuple, de « l’aider » à intérioriser un ensemble de comportements, toute une technique d’apprentissage visant à plier les corps et les esprits à un large jeu de normes fut mise en place aux XVIIIe et XIXe siècles au travers de la caserne, l’école, l’usine 436 , etc. Le pouvoir n’avait pas qu’un objectif économique ; il se doublait d’une visée sociale, puisque le pauvre ne devait pas seulement être un prolétaire mais également un « sujet socialisé 437  ». Cet apprentissage s’est déroulé dans un temps long – et, du reste, certainement plus long que ce que les historiens ont bien voulu croire. Discipliner les corps n’était pas une nouveauté du XVIIIe siècle, mais ce fut à partir de ce moment que différentes techniques se rejoignirent, se modifièrent et se confondirent en une semblable ligne générale de domination.

Notes
435.

Michel FOUCAULT, Surveiller et punir, naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1995 (première édition 1975), Chapitre III.

436.

Michelle PERROT, « The three ages of industrial discipline in nineteenth-century France », in John MERRIMAN [éd.], Consciousness…, op. cit., pp. 149-168.

437.

Giovanna PROCACCI, Gouverner…, op. cit., p. 18.