A - L’organisation policière

Deux périodes clés sont à considérer pour bien comprendre l’évolution de la police lyonnaise : avant et après 1851. La première moitié du XIXe siècle correspond à cinquante années de tâtonnement et d’élaboration. Partant de presque rien, les autorités durent créer une force policière capable de prendre un minimum en charge la pratique du quadrillage. Puis, à partir du Second Empire, la période de maturation s’acheva. Les autorités tirèrent alors le meilleur des expériences passées en améliorant ce qui existait déjà ; elles bénéficièrent d’une hiérarchie du pouvoir simplifiée – donc d’une efficacité accrue – et d’un accroissement des effectifs de police.

Avant de présenter la pyramide des hiérarchies policières locales et afin d’être le plus clair possible, il serait certainement bienvenu de distinguer les polices 634 . A leur tête, il y eut un ministère de la Police générale à l’histoire pour le moins chaotique. Créé en 1796, il fut supprimé trois fois avant de se voir rattaché au ministère de l’Intérieur sous la Restauration. Il connut une résurrection éphémère en 1852 avant d’être supplanté un an plus tard par la Sûreté générale 635 . Sous sa direction, on compte généralement trois branches principales de police. La police administrative qui ‘«’ ‘ a pour objet d’empêcher par des règles et précautions locales la perpétuation des délits et des crimes, de surveiller les individus dont la conduite peut devenir préjudiciable au public, de faire rendre aux citoyens bonne et prompte justice, d’assurer l’exécution des lois, règlements et ordonnances concernant la salubrité publique, la grande et la petite voirie, les cours d’eau, la pêche fluviale, la police des villes et des campagnes, etc. ’» ; la police judiciaire qui ‘«’ ‘ a pour but de constater les infractions à la loi pénale, d’en rassembler les preuves et d’en rechercher les auteurs » ’; la police de sûreté qui est chargée de la ‘«’ ‘ surveillance préventive des malfaiteurs, forçats libérés, vagabonds, mendiants, saltimbanques, enfin de tous ceux qui vivent en dehors des lois et dont le vol est ou peut devenir la ressource ordinaire. […] la police de sûreté s’occupe également d’actes qui tout en n’étant pas précisément contraires aux lois en vigueur sont jugés dangereux pour la sûreté publique ’» 636 . En 1814, d’après le préfet Chabrol, relevaient de la police municipale la sûreté et la commodité du passage sur la voie publique, la prévention et la répression des délits troublant l’ordre public (rixes, disputes, rassemblements) ainsi que des délits ruraux, l’inspection des denrées et boissons mis en vente, la lutte contre les accidents et diverses catastrophes, le ramassage des aliénés et des animaux errants 637 . L’autonomie financière fut la force de ces polices en leur donnant la possibilité de bénéficier de locaux (et donc de posséder une visibilité architecturale et symbolique dans la ville) et de remplir au mieux leurs missions voire de les diversifier 638 . Cependant, à suivre les définitions, la séparation entre les polices n’était pas toujours des plus nettes, et certains objets se recoupaient.

Notes
634.

Pour une présentation historique du concept « police », cf. Jean-Marc BERLIERE, Le monde des polices en France, XIX e -XX e siècles, Bruxelles, Complexe, 1996, 275 p.

635.

Id., p. 19.

636.

Définitions du Larousse du XIX e siècle. Pour une présentation détaillée des polices municipale et de sûreté au niveau local, nous renvoyons à la lecture de l’annexe n°9. Il s’agit réellement d’un projet de police totale conforme aux volontés de l’époque.

637.

AML, 985 WP 107, Circulaire du préfet du Rhône aux maires du département, 31/12/1814.

638.

Florent PRIEUR, Le maintien…, op. cit., f° 63 sq.