Les dirigeants de la police locale : le maire et le préfet 639

Les maires lyonnais du XIXe siècle ne cessèrent de se plaindre auprès de diverses autorités du peu de pouvoirs qui leur était confié, ce en quoi ils n’avaient pas tort. En effet, passé le temps béni du début du siècle où le premier magistrat était le principal supérieur des commissaires de police, soit il n’avait pas ou peu d’autres ordres à donner que ceux de faire balayer les rues, soit il se retrouvait en concurrence avec quelque créature du pouvoir central. Sous le 1er Empire, il avait été convenu que le maire garderait ses prérogatives en matière de police tant que les délits resteraient mineurs et nécessiteraient un regard « indulgent » et « paternel » – sous-entendu il lui était refusé de s’occuper plus particulièrement des délits graves et des crimes 640 . Il commandait les commissaires de police et leurs agents uniquement pour ce qui relevait de la police municipale et devait les partager avec les autorités administrative et judiciaire. Pour autant, lui seul versait aux commissaires leur salaire et, à l’entrée en vigueur de l’arrêté municipal du 15 mai 1839, lui seul devait pourvoir à leur logement. Donc, malgré sa progressive perte d’influence, il conservait des attributions essentielles ; la question des rétributions était primordiale puisqu’il était alors constant qu’un bon salaire faisait un bon agent et prévenait les tentations de revenus illicites.

Représentant l’Etat, le préfet était le personnage clef de la police. Une de ses fonctions consistait à tempérer les abus de pouvoir et à veiller au bon fonctionnement de la surveillance. Il jouait le rôle d’agent de liaison entre les acteurs de la police locale et s’assurait de leurs bonnes relations, leur demandant de travailler sur leurs terres respectives sans empiéter sur celles du voisin tout en n’hésitant pas à échanger des informations 641 . Plus on progresse dans le siècle, plus son pouvoir s’affermit ; de ce fait, il devint rapidement le chef de la police dans son département, et, par conséquent, de façon implicite, le supérieur du maire (qui ne s’occupe que de police municipale). Ce dernier ne donna jamais d’ordres au préfet, l’inverse étant courant. De plus, le maire devait lui faire parvenir régulièrement des rapports de police municipale. Enfin, une ordonnance municipale, quel que soit son objet, passait obligatoirement par le cabinet du préfet qui délivrait ou non son accord de publication, et qui souvent retournait la copie annotée de nombreuses suggestions.

Notes
639.

Voir la liste des préfets du Rhône et des maires de Lyon, annexes n°10 et 12.

640.

AML, 500318, Procès-verbaux des séances du conseil municipal de Lyon, t. 3 : 1810-1813, « Séance du 7 mai 1811 », Lyon, Imprimerie nouvelle lyonnaise, 1923, p. 87.

641.

AML, 1160 WP 7, Lettre du préfet du Rhône au maire de Lyon, 20/06/1811.