B - Prosopographie des commissaires de police

Le pouvoir s’était donné les moyens de mettre en œuvre sa théorie du quadrillage, mais pour quels résultats ? Puisqu’il nous faut descendre au niveau de la pratique pour comprendre l’application concrète des ordres venus d’en haut, nous avons choisi de privilégier le commissariat de police comme poste d’observation (parce que les archives concernant les commissaires ont été conservées et parce qu’ils forment un corps homogène) 712 . De plus, leurs fonctions, définies en l’an VIII, n’évoluèrent quasiment pas et leur absence de spécialisations, tout comme leurs rapports avec la population, en faisaient une des poutres maîtresses de l’édifice policier. Les hommes du Second Empire l’avaient bien compris : ‘«’ ‘ Organiser à Lyon la police sur un pied tout nouveau, comme on l’a dit : à cet effet, étendre ou restreindre les attributions des commissaires de police, déplacer les limites de leurs arrondissemens ; ranger par catégories le personnel dont ils disposent, serait inquiêter plus d’un grave intérêt dans cette ville [sic]’ ‘ 713 ’ ‘ ’».

A l’aide d’une documentation éparse en provenance tant des archives départementales que municipales 714 , nous avons pu reconstituer les parcours de la plupart des commissaires. Des incertitudes demeurent, peu nombreuses il est vrai, mais le travail de recoupement a été fastidieux – les archives et les almanachs livrant fréquemment des informations contradictoires. Au moins pouvons-nous tracer le portrait général de ces fonctionnaires, distinguer les étapes de leur carrière et appréhender leurs rapports avec leur hiérarchie.

Notes
712.

L’histoire sociale de la police, absente ou peu s’en faut de l’historiographie française, reste à écrire. Malheureusement, les sources lyonnaises concernant les agents et les sergents de ville sont lacunaires.

713.

AML, 1160 WP 7, Rapport sur la police lyonnaise, sa [Bergeret, commissaire spécial], sd [1851-52].

714.

Ont été consultés : les cartons concernant l’organisation et le personnel de la police lyonnaise disponibles dans les deux dépôts – nous renvoyons à l’inventaire des sources. D’autres éléments ont été glanés au fil des dépouillements. Surtout, les données ont été systématiquement recoupées avec celles délivrées par les almanachs qui donnent les noms des commissaires de quartiers au 1er janvier de chaque année (ils ne tiennent donc pas compte des bouleversements intervenus en cours d’année). Cf. la présentation de la base de données, annexe n°1/xi.