2 - Théorie de cabinet et pratiques de terrain

Le mécontentement des commissaires

Une multitude de contrariétés et de contretemps vinrent gripper la belle machine de la surveillance policière mise en place par les autorités. Les causes sont à rechercher du côté de l’organisation de la police et des façons de faire policières. Et ces causes étaient alors jugées si importantes qu’elles amenèrent, fait exceptionnel, les commissaires de police à écrire une plainte commune adressée au préfet 827 . Deux ans auparavant, ils avaient pourtant pointé les déficits de la police en répondant à une grande enquête préfectorale leur demandant, entre autres choses, de proposer des améliorations du service de police et de nouveaux moyens d’action 828 . Mis à part le commissaire de Vaise qui évoqua essentiellement des problèmes internes à son quartier, tous relevèrent le dysfonctionnement de la police. Selon eux, une active surveillance était impossible du fait de la faiblesse des effectifs et de la trop grande superficie des quartiers, de la mauvaise organisation du service des surveillants de nuit, de l’insuffisance du service du nettoiement, de l’absence remarquée de la gendarmerie et du manque de postes en certains endroits de la ville. Par rapport aux employés de la police, quelques uns demandèrent un meilleur recrutement permettant l’embauche de gens capables d’aider à la restauration de l’autorité. Le commissaire de la Métropole fit remarquer que les commissaires étaient à bout de forces physiques et morales et qu’ils en avaient assez d’être considérés comme des factotums 829 . Centrant leurs discours sur la répression, ils demandèrent des maisons de correction, un dépôt de mendicité, l’interdiction de séjour aux forçats libérés, une présence accrue des forces de l’ordre sur le terrain. Seul un commissaire pensa que, concurremment à la répression, une prise en charge sociale des individus fut souhaitable. Ayant le quartier de Pierre Scize sous son autorité, il demanda à ce que fût donné du travail aux ouvriers en soie sans ouvrage par l’ouverture de chantiers ou par des commandes d’Etat passées par les négociants 830 .

Mais voyons à présent quelques uns de ces dysfonctionnements les plus importants.

Notes
827.

ADR, 4 M 2, Mémoire des commissaires de police de Lyon adressé au préfet du Rhône, sd [1828].

828.

Id., Enquête de 1826 sur les quartiers lyonnais diligentée par la préfecture ; manque la réponse d’un commissaire.

829.

Id., Lettre du commissaire de police de la Métropole au préfet du Rhône, 16/09/1826.

830.

Id., Lettre du commissaire de police de Pierre Scize au préfet du Rhône, 15/09/1826.