La profession 914

Tableau n° 19 : Profession des référents selon leur sexe – 1805-1808/1863-1878
 
1805-1808 1863-1878
Femmes
(83 cas)
Hommes
(223 cas)
Femmes
(94 cas)
Hommes
(212 cas)
Ouvriers/ères & artisans 49,5% 42,5% 64% 45,5%
Commerçants/es 38,5% 28% 11,5% 12%
Employés/ées de service 7% 5,5% 8,5% 12,5%
Rentiers/ères 3,5% 2% 14% 4,5%
Travailleurs/ses agricoles 1,5% 4,5% 2% -
Professions supérieures - 13% - 8,5%
Forces de l’ordre - 1% - 16%
Divers - 3,5% - 1%

L’approche par la profession cible deux cohortes marquées par une hétérogénéité professionnelle qui n’exclut personne. Pour 1805-1808, l’échantillon privilégie les deux grands groupes qu’étaient les ouvriers/artisans 915 et les commerçants/marchands. Cela n’est que le reflet de la ville du début du siècle où ouvriers, artisans et commerçants coexistaient dans les rues étroites de la Presqu’île. La présence des « élites » a été conservée comme contrepoint – d’autant qu’elles intégraient l’élément populaire dans leur réseau. Une soixantaine d’années plus tard, la configuration s’était légèrement modifiée. Les ouvrières étaient désormais surreprésentées mais cela tient de la sociologie du quartier. En ne prenant plus en compte l’ensemble du territoire urbain et en se concentrant sur la seule rive gauche, la seconde cohorte s’expose à ce type de résultats. La Guillotière était essentiellement un quartier d’ouvriers et d’artisans ; la mixité professionnelle y était moins importante que dans le centre des années 1800. On peut émettre l’hypothèse que commerçants et marchands étaient davantage restés dans la Presqu’île que les travailleurs manuels. Se seraient avant tout installés dans le faubourg des vendeurs de première nécessité ainsi que les professions marchandes les moins bien rémunérées (colporteurs, ambulants). C’est encore une spécificité du quartier qui explique la forte présence de militaires, alors casernés à la Part-Dieu. Quant aux employés, on sait ce que leur présence devait aux mutations sociales de l’époque.

Notes
914.

Pour élaborer nos catégories socioprofessionnelles, nous nous sommes inspirées des réflexions d’Olivier Faron pour le premier XIXe siècle (Milan…, op. cit., Annexe II, pp. 559-580), d’Yves Lequin pour la seconde moitié du siècle (Les ouvriers…, op. cit.) et de Jean-Luc Pinol pour les années 1880-1900 (Les mobilités…, op. cit., 355-377 et pp. 392-396). Ouvriers et artisans ont été regroupés pour des raisons déjà évoquées en introduction et sur lesquelles nous ne reviendrons pas. Les employés de service regroupent des domestiques et les employés peu qualifiés de ce que nous appelons aujourd’hui le tertiaire. Les professions supérieures correspondent généralement aux fabricants, négociants et grands marchands de la ville. Les commerçants ont été comptabilisés à part la plupart du temps ; nous verrons cependant que la signification de ce groupe varie en fonction de sa composition (ambulants ou boutiquiers).

915.

Plus précisément, les femmes travaillaient dans le textile, le vêtement et le linge ; les hommes se retrouvaient dans les principales branches du travail manuel. Les mêmes résultats ont été enregistrés pour la seconde cohorte.