Répartition par âge

L’indice de l’âge, avec celui du domicile, est le grand absent des registres de police. Les actes judiciaires ne dérogent pas à la règle, livrant seulement l’âge de 313 individus :

Tableau n° 37 : Age des agresseurs selon le type de délit commis (313 cas) – 1833-1855
 
Voleurs Violents Total agresseurs
Nombre % Nombre % Nombre %
<20 ans 49 22,5 13 13,5 62 20
20-29 ans 80 36,5 39 41 119 38
30-39 ans 47 21,5 25 26,5 72 23
40-49 ans 20 9 10 10,5 30 9,5
50-59 ans 16 7,5 4 4,5 20 6,5
60-69 ans 6 3 2 2 8 2,5
70 ans et + - - 2 2 2 0,5

De manière générale, se remarque la présence écrasante des plus jeunes : plus de huit personnes sur dix avaient moins de 40 ans. La tranche d’âge la plus représentée était celle des 20-29 ans mais les enfants de 10-15 ans comme les jeunes adultes de 15-19 ans étaient extrêmement nombreux. A l’inverse, à partir de 40 ans, on tombe dans une sous représentation flagrante, caractérisée par une chute sans appel des effectifs et par une absence quasi-totale des plus vieux (16% de 40-59 ans et 3% de 60 ans et plus). Ces résultats viennent confirmer tout ce qui a déjà été démontré par les médiévistes, les modernistes et les sociologues relativement à la turbulence « naturelle » de la jeunesse. La difficulté d’intégration et la fragilité de cette jeunesse la menaient sur les terrains de la transgression et du défoulement. Une étape à franchir, permettant le passage à un âge responsable, passait par la transgression qui était souvent collective.

La différence entre les voleurs et les violents restait peu visible mais s’opérait tout de même au niveau des plus jeunes. L’enfant et l’adolescent, certes absents de l’escroquerie, occupaient une place prépondérante dans la sphère du petit vol (mais ils étaient également plus facilement appréhendés que l’adulte par la police). La fréquence du vagabondage – certainement le premier délit chez les moins de 18 ans – s’accompagnait régulièrement du menu vol ; réputé pour son agilité et sa rapidité, l’enfant était aussi utilisé par les adultes pour commettre des larcins, notamment sur des chantiers. Sur ceux du chemin de fer, à Perrache, des enfants en commettaient pour le compte des époux Bonnet moyennant une légère commission. L’un d’eux ‘«’ ‘ […] dit avoir vendu pendant trois fois de la fonte à Bonnet, plus le sabot de voiture appartenant au sieur Reynaud […], il ajoute qu’il a quitté ses parents depuis 15 jours et que s’il a volé c’est Bonnet père qui l’y a engagé’ 1081  ». En revanche, sa participation était limitée dans les actes de violence – les moins de 15 ans n’étaient pratiquement pas représentés et les 15-19 ans assez peu nombreux. Il n’en reste pas moins vrai que le vol et la violence étaient affaires de jeunes gens.

Notes
1081.

AML, I3 28, Procès-verbal du commissaire de police de Perrache, 19/04/1854.