Répartition par profession

Les lacunes de la source font tomber à 382 le nombre d’individus pour lesquels nous connaissons la profession.

Tableau n° 38 : Profession des agresseurs selon le type de délit commis (382 cas) – 1833-1855
 
Voleurs Violents Total agresseurs
Nombre % Nombre % Nombre %
Ouvriers/Artisans 100 43 75 50,5 175 46
Employés 46 19,5 27 18 73 19
Commerçants 38 16,5 17 11,5 55 14,5
SP 1082 33 14 13 8,5 46 12
Classes supérieures 4 1,75 12 8 16 4
Militaires 8 3,5 2 1,5 10 2,5
Divers 4 1,75 3 2 7 2

Globalement, l’agresseur type correspondait à un individu lambda issu des classes populaires. Les ouvriers et artisans étaient les plus représentés avec près de la moitié des cas concernés ; toutes les branches du travail manuel se retrouvaient largement, même si le textile et le vêtement se taillaient la part du lion – répondant en cela à la configuration socio-économique de la ville. Il n’y avait donc pas de groupes ouvriers davantage enclins que d’autres à l’agression. Toutefois, il faut souligner l’importance de ceux qui ne possédaient pas de profession ou une profession peu qualifiée voire franchement dévalorisée. Aux 18 ouvriers non qualifiés, il convient d’ajouter les 12% d’individus ne possédant pas de profession (28) ou exerçant une profession infâmante ou interdite (un pisteur et 17 filles et matrones). Ils représentaient environ le quart du nombre total des agresseurs. Les domestiques et employés, deuxième groupe à fournir le plus d’agresseurs, expliquent la jeunesse du corpus. En effet, les garçons et commis, si nombreux, étaient les archétypes d’une jeunesse au travail et les premiers connaissaient une certaine précarité qui pouvait les joindre au groupe des peu qualifiés. Chez les commerçants, la logique était la même puisque sur 55 individus, 37 se disaient marchands ; mais la plupart du temps, ce terme général cachait la ronde des petits métiers dont la revendeuse était la figure emblématique. Au reste, beaucoup d’agresseurs avaient des activités leur faisant battre le pavé (commerçants, domestiques et voituriers, ouvriers du bâtiment) et les plaçant à la fois dans une logique de concurrence et de rapport aux autres.

Ce monde des petits métiers, des professions à faible qualification, des exclus du monde du travail fournissait en majorité des voleurs. 71,5% des sans profession furent arrêtés pour vol. Les employés, s’ils représentaient la même part chez les voleurs et les violents, furent six fois sur dix appréhendés pour vol – et les commerçants près de sept fois. D’ailleurs, la part des commerçants dans le groupe des violents était bien inférieure à celle qu’ils occupaient dans celui des voleurs. On note également une « pratique » ouvrière du vol (43% des voleurs étaient ouvriers/artisans et 57% des ouvriers/artisans furent arrêtés pour vol), prenant certainement place entre tentation et misère. A considérer chaque groupe socioprofessionnel, on s’aperçoit que leur implication dans des affaires de violence, bien que faible par rapport aux atteintes aux biens, était somme toute homogène – gravitant autour du tiers. Mais, à se focaliser sur le seul groupe des violents, les ouvriers s’arrogeaient près de la moitié des affaires. On peut cependant lancer l’hypothèse d’une pratique partagée au sein d’un « vivre ensemble » qui aurait vu le commerçant, le domestique et même le négociant user au besoin de l’injure et du coup de poing. La faiblesse des données concernant la violence demande à être complétée par l’analyse des affaires du Tribunal correctionnel – nous y reviendrons.

Notes
1082.

Cette catégorie regroupe les individus se présentant comme n’ayant pas de profession ainsi que ceux exerçant une profession infâmante (filles publiques, matrones) ou non reconnue (pisteurs).