1 - Rythmes et lieux des délits

Détailler le délit signifie reprendre une nouvelle fois les actes judiciaires afin d’obtenir des détails relatifs au vol et à la violence. D’éventuels rythmes ou lieux spécifiques peuvent nous apprendre beaucoup sur ces deux délits et leurs caractéristiques propres.

Les rythmes du délit

Grâce aux nombreux détails contenus dans les registres d’actes judiciaires, il est possible de retrouver les rythmes mensuels, hebdomadaires et quotidiens des délits. Le tableau et le graphique suivants indiquent les variations mensuelles de 591 délits ainsi que le détail par type d’affaires (vol ou violence) :

Tableau n° 51 : Répartition mensuelle des délits (591 cas) – 1833-1855
  Vol Violence Total agression
Janvier 36 10 46
Février 43 6 49
Mars 36 16 52
Avril 38 15 53
Mai 33 16 49
Juin 31 15 46
Juillet 41 22 63
Août 38 21 59
Septembre 35 20 55
Octobre 29 13 42
Novembre 23 13 36
Décembre 27 14 41

Graphique n° 4 : Variation mensuelle des délits (591 cas) – 1833-1855

Les variations saisonnières n’étaient pas des plus franches, le maximum se trouvait atteint en juillet et le minimum en novembre. Les mois où les délits étaient les plus nombreux coïncidaient avec le printemps (mars/avril) et l’été (juillet à septembre). Même si les vols étaient moins nombreux d’octobre à décembre, la répartition mensuelle était homogène, signifiant que le vol se pratiquait un peu tout au long de l’année. Pour ce qui était de la violence, les chiffres confirment toutes les études déjà réalisées sur le sujet, à savoir que l’agressivité dirigée contre autrui augmentait durant les mois les plus chauds (ici de juillet à septembre) ainsi qu’au printemps ; les beaux jours coïncidaient avec les vogues et les foires qui favorisaient la rencontre et la violence. En automne et en hiver, au contraire, les esprits se calmaient et les occasions de se retrouver étaient moins nombreuses.

Les actes judiciaires comme les jugements du Tribunal correctionnel nous renseignent sur les dates précises auxquelles les agressions furent commises. Nous les avons recoupées avec les calendriers des almanachs de la ville de Lyon afin de déterminer les jours de l’agression. Dans les tableau et graphique suivants, nous avons dissocié les vols (348 actes judiciaires) de la violence (162 actes judiciaires et 129 jugements en correctionnel) :

Tableau n° 52 : Répartition hebdomadaire des délits (639 cas) – 1804-1809/1833-1855
  Vol Violence
Lundi 49 58
Mardi 49 45
Mercredi 48 33
Jeudi 43 32
Vendredi 44 34
Samedi 57 32
Dimanche 58 57
Graphique n° 5 : Variation hebdomadaire des délits (639 cas) – 1804-1809/1833-1855
Graphique n° 5 : Variation hebdomadaire des délits (639 cas) – 1804-1809/1833-1855

L’agression s’exprimait tout au long de la semaine mais tant le vol que la violence paraissaient être plus fréquents en fin et début de semaine. Les vols se commettaient prioritairement le samedi et le dimanche, tandis que la violence éclatait le dimanche et le lundi. Ces résultats recoupent ceux auxquels l’historiographie nous a habitués. Les agresseurs, répondant à un profil ordinaire, opéraient quand leurs victimes étaient, comme eux, dans une phase de détente. Le long repos hebdomadaire débutait le samedi, véritable aubaine pour les voleurs : les tavernes se remplissaient et les foyers se vidaient ; on était également peu chez soi le dimanche puisqu’on sortait en promenade. Le vol d’occasion, non prémédité, se voyait facilité par l’agitation de fin de semaine et, avec un peu d’alcool, la convoitise naissait parfois rapidement. L’échauffement dû à l’alcool provoquait également nombre de rixes qui avaient le temps de se développer durant les longues heures de plaisir du dimanche et de la Saint lundi, prolongées encore le mardi avant de laisser place aux rythmes du travail, donc à un certain apaisement des passions.

Afin de pouvoir apprécier la répartition horaire des agressions, nous avons divisé les journées en quatre plages de six heures chacune, mettant en avant le matin, l’après-midi, la soirée et la nuit :