A - Un marginal : le vagabond

Pour aborder les questions de la marginalité sociale et de la fragilité populaire masculine, nous utiliserons une source unique à savoir trois registres d’audience du petit parquet de Lyon, couvrant les années 1859 à 1863. Cette période d’étude s’est imposée d’elle-même, puisqu’il s’agit là des trois seuls registres encore disponibles aux Archives Municipales de Lyon 1310  ; ils renfermaient suffisamment d’informations puisque 785 arrestations, correspondant à 726 individus, ont été recensées à l’aide d’une base de données 1311 . Le petit parquet s’occupait de l’instruction préliminaire des flagrants délits et, de ceux qui l’intéressaient, le plus récurrent était le délit de vagabondage ; il se situait donc entre l’arrestation et le tribunal correctionnel. Par rapport aux travaux classiques portant sur le vagabondage, et s’appuyant sur les jugements en correctionnel ou les registres d’écrou des prisons, nous perdons moins d’individus : une majorité d’entre eux étaient libérés lors de cette étape intermédiaire que constituait la comparution au petit parquet 1312 . De plus, cette source ne donne pas seulement le profil social de chaque personne arrêtée, mais livre également quelques lignes sur leur vie durant les semaines et les mois précédant l’arrestation. Il devient alors possible de reconstruire des rythmes liés à l’entrée en ville, au travail ou encore au logement.

Notes
1310.

A.M.L., I3 32-33.

1311.

Cf. annexe n°1/iv.

1312.

En ce sens, notre étude exclut les vagabonds « professionnels » dont nous parle tant la littérature du siècle et qui, en réalité, ne représentaient qu’une faible proportion des gens arrêtés pour vagabondage.