1 - L’expression d’une communauté urbaine

Il n’est pas surprenant que les militaires 1629 fussent des acteurs du jeu identitaire urbain tant ils étaient présents dans la ville, au grand dam des populations et de leurs dirigeants. Etrangers à la cité, les soldats colonisaient les rues lyonnaises, partaient en ribote et s’éparpillaient tant dans le centre que dans ses périphéries. Ils créaient du scandale, cherchaient querelle, brutalisaient les civils ; bref, ils se croyaient en ville comme chez eux. Qu’on se représente à quel point les militaires étaient nombreux : en 1831, 2 à 3 000 jeunes gens furent enrôlés pour la Savoie et « végétèrent » plusieurs jours dans la ville, sans pain, sans moyen d’existence et sans ordre de départ 1630 . On imagine d’autant mieux ce qu’autant d’individus livrés à eux-mêmes pouvaient créer comme désordres urbains qu’on a pu être confronté à l’impressionnant linéaire consacré à cette question dans les dépôts d’archives.

Notes
1629.

Par « militaires », nous n’entendons pas « force armée » qui renvoie à la notion de maintien de l’ordre ; nous excluons également de ce groupe les gendarmes qui faisaient partie des forces de l’ordre au quotidien. Il n’est donc ici question que du soldat en permission.

1630.

ADR, 4 M 191, Rapport de la brigade centrale de police, 20-21/02/1831.