Ruptures

Traditionnellement, la rupture, entre le XIXe et le XXe siècle, coïncide avec le déclanchement de la Première Guerre Mondiale. Cette césure est beaucoup trop tardive et Eric Hobsbawm, dans sa synthèse sur le XIXe siècle, propose, à l’échelle du monde, de comprendre les années 1870 comme un tournant essentiel entre « l’ère du capital » et « l’ère des empires » 1673 . A l’échelle de la France, Alain Corbin et ses élèves ont montré tout l’intérêt d’une rupture située autour des années 1860 1674  ; cette césure paraît certainement valable pour Paris mais est tout à fait inopérante dans le cadre lyonnais. Ce ne fut qu’à partir des années 1880-1890 que la société urbaine lyonnaise se transformât. Il est possible de repérer un faisceau de changements qui conditionnèrent – à plus ou moins brève échéance – une modification des comportements populaires. Car ces bouleversements accompagnèrent et formèrent une nouvelle génération de citadins. Notre travail a porté sur des individus nés en grande majorité au XVIIIe siècle ou dans la première moitié du siècle suivant. La génération qui grandit avec les mutations amorcées dans les années 1880 a, d’une certaine manière, façonné le XXe siècle.

Notes
1673.

Eric J. HOBSBAWM, L’ère du capital…, op. cit. ; L’ère des Empires, 1875-1914, Paris, Hachette, 2002 (première édition originale 1987), 497 p.

1674.

Dominique KALIFA, La culture de masses en France, 1860-1930, Paris, La Découverte, 2001, 122 p.