Annexe n°4 :
Rapport du commissaire de police de Saint Just au préfet du Rhône, 12/04/1855
(ADR, 4 M 456) :

« De tout tems, trop malheureusement, l’ivrognerie fut une crise permanente de désordres se résumant généralement ainsi : abrutissement de l’intelligence, atteinte aux facultés physiques, dépravation dans les mœurs, misère au sein du foyer domestique et désolation des familles.

Les buveurs, par inclination, se rencontrent le plus ordinairement dans la classe ouvrière ; le Café ou le Cabaret est le lieu qu’ils affectionnent le plus pour assouvir leur passion et où va s’engloutir, dans l’isolement de la raison, le fruit d’un labeur toujours gagné au prix de veilles et de fatigues partagées, le plus souvent, dans une proportion quelconque entre l’époux, la femme et les enfants du ménage.

De tristes exemples ont révélé, qu’au sein de ménages où la vie aurait pu être heureuse, supportable, et où la plaie de l’ivrognerie s’était introduite, il se rencontrait des mères dignes du plus grand intérêt, tombant d’inanition près de berceaux où pleuraient de frêles créatures torturées par la misère, des ménages dans lesquels, pour tout dire, rien ne restait que les plus impérieux besoins avec l’impuissance de les satisfaire.

Généralement, à l’exception des femmes enclines à l’intempérance des spiritueux et qu’un reste de pudeur retient au foyer domestique, l’ivrognerie prend presque toujours sa source et ne se révèle sous son aspect hideux que dans les établissements publics placés sous la surveillance de l’administration locale.

[…] ».