11 - Affiche tirée de 1814-1852 : Les régimes passent, Lyon demeure !, Catalogue de l’exposition des Archives municipales (18/06-28/08/1983), sd (désormais « exposition AML ») :

MAIRIE DE LYON

HABITANS

DE LYON,

Bonaparte, violant son serment, vient de quitter l’île d’Elbe, et a débarqué sur les rives de la Provence, le Ier de ce mois, accompagné de quelques Français égarés et d’une poignée de déserteurs, la lie de toues les nations étrangères.

Aveugle instrument des ennemis de la France, quel est son espoir ? A-t-il pu croire que son apparition sur un territoire devenu à jamais pour lui une terre étrangère, suffirait pour troubler cette harmonie, cette paix, cette heureuse tranquillité dont la France, depuis sa retraite, goûtait le charme, sous l’égide d’un Gouvernement paternel et légitime ?

Que peut en effet le délire d’un homme ? que pourrait même une armée contre l’autorité d’un Souverain révéré, d’un Roi dont la puissance repose sur les droits les plus sacrés, et plus encore sur un sentiment inaltérable, l’amour de ses sujets ; d’un Roi enfin dont la France apprécie chaque jour la profonde sagesse ?

Habitans de Lyon, vous donnerez, dans cette circonstance, à ce Monarque adoré, de nouvelles preuves de cet attachement, de ce dévouement et de cette fidélité qui, au milieu de nos orages, firent votre gloire et excitèrent l’admiration de l’Europe étonnée. Vous comparerez le bonheur, le repos et la tranquillité dont vous jouissez depuis neuf mois, avec les inquiétudes et les angoisses auxquelles vous étiez livrés, avec les sacrifices de toute espèce que l’on exigeait de vous, à chaque instant, pendant les années précédentes, et vous en apprécierez la différence.

Vous vous rappellerez avec orgueil cette courageuse résistance que vous apportâtes à défendre le Trône contre des factieux, et vous et vos enfans serez encore une fois dignes de cette belle réputation que votre intrépidité a attachée au nom de Lyonnais.

Citoyens de toutes les classes, soyez sourds aux insinuations perfides que des agitateurs pourraient chercher à semer parmi vous ; restez calmes et tranquilles ; vos Magistrats veillent : reposez-vous sur leurs soins et leur vigilance.

Et vous, braves Gardes nationaux, dont la Cité ne peut oublier les éminens services, acquérez de nouveaux droits à la reconnaissance de vos Concitoyens, qui vous est due à tant de titres.

Que l’union la plus intime règne parmi vous ; que tout ferment de discorde soit éloigné ; que tous vos efforts n’aient pour but que le maintien du bon ordre ; qu’un seul sentiment vous anime, l’amour du Roi et de la Patrie.

Fidèles à l’honneur, vos Magistrats seront toujours à votre tête : ils fondent leur confiance sur le bon esprit qui, dans toutes les circonstances, vous a constamment dirigés.

Fait à l’Hôtel-de-Ville, Lyon, le 7 mars 1815.

Le Maire de la ville de Lyon,

LE COMTE DE FARGUES.