39 - I1 5 :

PREFECTURE DU RHONE

LE PREFET,

AUX HABITANS DU DEPARTEMENT

DU RHONE.

HABITANS DU RHONE,

Je viens seconder vos efforts pour le maintien de la liberté et de la tranquillité publique.

Plus heureux que les habitans de la Capitale, le triomphe de la cause nationale ne vous a pas coûté de sang, n’est mêlé d’aucune amertume.

La France, par son énergie, a reconquis ses libertés, si outrageusement violées.

Ces libertés vont être revêtues de la sanction des lois.

Les Chambres délibèrent sur la révision de notre pacte social, avec le concours d’un Prince que ses lumières placent à la hauteur de notre époque, et qui n’a que des sentimens français.

Sous ses nobles et généreuses pensées une Charte sera enfin une vérité.

Des instituions fortes deviendront la garantie de nos droits.

Attendons avec confiance le résultat de ces délibérations, mais conservons une attitude de force qui imprime aux artisans de discorde le sentiment de notre puissance.

Les hautes fonctions de l’Etat sont confiées à des hommes, dont les lumières et le patriotisme sont éprouvés.

La Garde Nationale se réorganise sous le commandement de ce vétéran de la liberté des Deux-Mondes, qui vient de couvrir ses cheveux blancs de nouvelles palmes civiques.

Braves Habitans du Rhône, c’est au nom de l’honneur et de la patrie que je vous appelle sous le drapeau de la Garde Nationale, et je suis assuré que vous répondrez à mon attente.

Que les alarmes cessent, que toute hésitation disparaisse !

La liberté est un régime de paix : elle a pour but d’assurer l’ordre et la sécurité de tous.

La France, qui vient de renverser le despotisme, combattrait aussi l’anarchie.

Lyonnais, je ne suis pas pour vous étranger : des liens de famille m’attachent à votre ville.

J’ai administré long-temps un département voisin.

J’invoque ces titres à votre confiance.

Tous mes efforts auront pour but de la justifier : je me dévouerai à tous vos intérêts, au développement de cette brillante industrie dont vous occupez le premier rang ; et si des circonstance imprévues présentaient des dangers, vous me verriez les prévenir ou les partager.

Les emplois publics ne seront donnés qu’à des hommes dignes de votre confiance.

Trop long-temps, l’Administration a pesé sur le pays comme un instrument d’oppression.

Il faut que son alliance avec les citoyens soit intime, et que son action soit toute de protection.

Lyon, le 7 août 1830.

Le Préfet du Rhône,