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MAIRIE DE LA VILLE DE LYON.

Mes chers Concitoyens !

Un attroupement de 12 à 1500 personnes s’est formé hier, sur les cinq heures du soir, en avant de l’Hôtel-de-Ville. Cet attroupement, vers les six heures, cherchait à entourer les Factionnaires, et annonçait sa présence par des cris dont le sens ne pouvait être saisi.

Des Commissaires et Agens de Police employés à rétablir l’ordre, ont été insultés. Des cris, A bas les Dragons, se sont fait entendre du moment qu’un Piquet de cette Arme a été employé pour faire écarter la foule ; quelques chevaux ont été saisis par la bride ; trois charrettes attelées ont été poussées au milieu du détachement de Cavalerie.

Alors les trois sommations ont été faites conformément à la loi ; l’évacuation de la place ne s’effectuant pas, dix arrestations ont eu lieu ; l’un des individus arrêté était prêt à lancer un caillou contre la troupe, il en avait un second dans la poche.

J’ai vu avec une grande satisfaction que, parmi les dix personnes arrêtés, il se trouve seulement trois Lyonnais et deux ouvriers en soie ; j’avais donc eu raison d’affirmer que les honnêtes ouvriers de la Fabrique ne prendraient aucune part au désordre, s’il avait lieu.

L’événement dont je rends compte, n’a point de portée réelle. Mais ce qui en a une très grande, c’est l’effroi que l’interdit général de la fabrication des soieries a jeté dans toutes les classes de la Société. Depuis avant-hier, un grand nombre de Fabricans ont fui leur domicile ; beaucoup de Chefs d’Atelier ont pris hier le même parti, pour n’avoir plus à éprouver les violences dont ils font l’objet depuis quatre jours.

La continuation d’un semblable état de choses amènerait inévitablement et promptement la ruine complète de notre Cité. Que les Ouvriers honnêtes réfléchissent à ce résultat, et ils sépareront sur-le-champ leur cause, de celle de ces hommes pour lesquels le désordre est un besoin, et qui viennent de les placer dans une situation si contraire à leurs intérêts les plus évidens !

Fait à l’Hôtel-de-Ville, Lyon, le 18 février 1834.

Le Maire de la ville de Lyon, Membre de la Chambre des Députés,

PRUNELLE.