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MAIRIE DE LA VILLE DE LYON.

LYONNAIS !

Des désordres d’un caractère grave ont eu lieu, samedi dernier, sur la place St-Jean et à l’entrée du Palais de Justice, à l’occasion de la mise en jugement d’individus prévenus de contraventions aux articles 415 et suivants du Code pénal.

Quelques hommes signalés depuis long-temps par leur coupable persévérance à exploiter toutes les circonstances où le trouble peut être excité, ont porté l’oubli des lois et des devoirs du Citoyen, jusqu’à attenter, par des voies de fait, à l’indépendance du pouvoir judiciaire, et ont cherché à égarer et à associer à leurs projets insensés une population laborieuse, essentiellement amie de l’ordre et de la paix publique.

Les Ouvriers, nous en sommes certains, ne se laisseront point égarer par de perfides conseils ; ils savent que c’est par le travail et l’industrie que notre belle Cité est parvenue à occuper le premier rang parmi les villes Manufacturières ; ils savent aussi que l’industrie et le travail sont inséparables du maintien de l’ordre public.

L’ordre public sera maintenu.

L’Autorité veille ; les mesures sont prises, et toute tentative de trouble serait sévèrement réprimée.

Elle n’ignore pas que des malveillans s’agitent encore et projettent de renouveler les mêmes scènes de désordres dont nous avons eu à gémir, il y a trois jours.

Leurs efforts seront vains ; ces factieux resteront isolés au milieu de la population que son bon sens et sa sagesse préserveront de toute participation à des actes répréhensibles.

Mais, dans de telles circonstances, il ne suffit pas à l’Autorité d’avoir pris d’énergiques mesures pour réprimer, au besoin, les ennemis du Gouvernement et de la paix publique, c’est encore un devoir sacré pour elle de prévenir les bons Citoyens, et de les inviter à ne pas grossir, par leur présence, les rassemblemens tumultueux qui pourraient se former.

Nous espérons que les Lyonnais entendront la voix de leurs Magistrats.

Nous espérons que, si l’Autorité par une triste nécessité était réduite à recourir à la force pour faire respecter les Lois et l’indépendance des Tribunaux, elle n’aura pas à ajouter à ses regrets la douleur de voir de bons Citoyens devenir victimes de leur curiosité, et souffrir des mesures qui ne doivent atteindre que les factieux ennemis des Lois et de la prospérité de notre industrie manufacturière.

Fait à l’Hôtel-de-Ville, Lyon, le 8 avril 1834.

Le Maire de la ville de Lyon,

VACHON-IMBERT, Adjoint.