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Habitans de Lyon !

La prolongation de l’état pénible où se trouve la ville de Lyon tient à un petit nombre de factieux qui pénètrent dans les maisons et recommencent à tirer dans quelques quartiers. Dans cet état de chose, permettre la circulation complète, ce serait leur donner la facilité de changer de position et de communiquer entre eux et de porter le désordre partout. Pour diminuer cependant cette gêne, qui ne dépend pas de l’autorité, mais qui est le résultat des désordres auxquels les habitans n’ont pas su s’opposer avec énergie, on vient d’autoriser autant qu’il sera possible la circulation des femmes.

La ville de la Guillotière a bien apprécié cette position, car les habitans qui ont tant eu à souffrir hier des mesures militaires, qui ont été privés pour faire cesser l’agression, ont obligé les factieux à cesser le feu et ont reconquis leur repos.

Sachez les mériter, sachez dans chaque rue, dans chaque quartier, vous entendre entre voisins pour qu’on ne viole pas vos domiciles et qu’on ne vous expose pas aux risques des mesures militaires et à la destruction qu’elles entraînent et tout changera de face en un instant et vous serez rendus à vos travaux et à vos habitudes.

Croyez la voix de l’autorité qui après avoir si longtemps hésité à répondre aux provocateurs vous indique les vrais moyens de faire cesser le désordre.

Lyon, le 11 avril 1834.

Le Conseiller d’Etat, Préfet du Rhône,

Gasparin.