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MAIRIE

DE LA VILLE DE LYON
MES CHERS CONCITOYENS !

Profondément affligé des malheurs qui ont déchiré la Cité, c’est pour moi un nouveau besoin de vous apporter des paroles de paix. J’espère que ma voix sera entendue par la population toute entière.

Les malheureux que de perfides conseils ont si cruellement égarés, pourraient-ils ne pas ouvrir les yeux à la lumière ? pourraient-ils ne pas voir par quelle voie les fauteurs de l’anarchie voulaient nous ramener à ces temps de calamités qui ont pesé, il y a quarante ans sur notre belle Patrie ? Mais, il faut le dire pour la justification de la Cité lyonnaise ; il faut le dire pour rendre hommage à la vérité, la masse de la population ouvrière est restée étrangère aux criminels efforts qui ont été faits pour renverser la Monarchie constitutionnelle, et substituer aux régimes des lois l’empire de la force aveugle et brutale. Pour une œuvre si criminelle, les hommes qui, depuis long-temps, méditaient notre ruine, et qui, pour la plupart sont étrangers à la ville de Lyon, et même au sol de la France, ne pouvaient, malgré leurs hypocrites doléances, trouver des sympathies au milieu d’une population qui vit par le travail, et qui sait que le travail est inséparable de l’ordre. Ils sont bien coupables ceux qui n’ont pas craint d’attirer sur nous la guerre civile et les désastres qui la suivent ! Abandonnons ces hommes à leur remords et à la sagesse des lois.

Lyonnais ! nos malheurs sont bien grands, mais que la paix et l’union renaissent au milieu de nous, et le temps les aura bientôt réparés. C’est un terrible enseignement que celui qui doit ressortir pour tous de nos tristes journées. Les chefs d’ateliers, les ouvriers de toutes les professions, repousseront désormais avec horreur toutes ces idées politiques anti-sociales qui traînent après elles la misère et le désespoir, bouleversent toutes les existences, et ont failli amener la destruction de la Cité la plus industrieuse de la France !

Lyon a souffert pour la cause de la civilisation ; c’est l’ordre social tout entier qui a été attaqué au milieu de nous. L’anarchie a été vaincue, et un Gouvernement juste et réparateur ne peut manquer de reconnaître que la France est solidaire des dommages éprouvés par les Lyonnais dans l’intérêt de tous.

Que la confiance renaisse ; que les habitans se rassurent ; que chaque citoyen reprenne ses travaux habituels. Les Négocians, nous en sommes certains, redoubleront de zèle et de soins, dans ces malheureuses circonstances, pour donner une activité nouvelle à leurs opérations commerciales, et procurer ainsi du travail à ceux qui peuvent en manquer. Nous espérons enfin que chacun de nos Concitoyens unira ses efforts aux nôtres pour adoucir, autant qu’il sera en son pouvoir, des maux qu’il n’a pas dépendu de nous prévenir.

Fait à l’Hôtel-de-Ville, Lyon, le 16 avril 1834.

Le Maire de la ville de Lyon,

VACHON-IMBERT, Adjoint.