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MAIRIE DE LA VILLE DE LYON

ANNIVERSAIRE

DES

JOURNEES DE JUILLET

Lyonnais !

Nous touchons à l’Anniversaire des Journées de Juillet 1830. Pour la quatrième fois, la France se dispose à célébrer l’époque mémorable où le Gouvernement représentatif fut affermi parmi nous. Pourquoi faut-il que la seconde Ville du Royaume, cette cité toute manufacturière, soit en ce moment attristée par le souvenir récent des attaques violentes, tentées pour renverser un Gouvernement sur la stabilité duquel reposent l’ordre, la paix publique, la prospérité du Commerce et de l’Industrie ? L’avenir, sans doute, nous offre des gages de sécurité ; mais le passé vient contrister nos cœurs ; et quelques glorieux que soient les souvenirs qui se rattachent à la révolution de Juillet, nous nous trouvons placés dans une de ces circonstances malheureuses où l’intérêt local dominant tout autre sentiment, ne nous permet pas de prendre part à la joie générale.

Les ennemis de notre belle Patrie, en choisissant Lyon pour leur centre d’action, l’ont transformé en un champ de bataille où les coupables n’ont pas seuls été atteints : des victimes innocentes ont aussi succombé dans la lutte ; aux regrets qu’inspirent tant de malheurs, viennent encore s’ajouter ceux de ne pouvoir réparer les nombreuses et grandes infortunes qui ont été le résultat de la défense opposée aux attaques de l’anarchie. Dans une telle situation, toute manifestation de joie publique contrasterait trop avec la douleur privée. La seule manière de célébrer dignement une Fête nationale, celle qui doit répondre le mieux à la sympathie de la Population lyonnaise, c’est de consacrer au soulagement des malheureux les ressources destinées à des réjouissances publiques. En conséquence, aucun programme de Fêtes ne sera publié cette année, et la somme annuellement employée à la commémoration des Journées de Juillet sera ajoutée à celle que la Ville met à la disposition des Bureaux de Bienfaisance pour distribution des secours aux Indigens.

Seulement, et comme par le passé, le Lundi 28 juillet (le 27 étant un Dimanche), il sera célébré, à dix heures précises du matin, dans l’Eglise métropolitaine, un Service funèbre pour les Victimes de Juillet ; les Autorités civiles et militaires y seront invitées ; une place distinguée sera réservée à MM. les Décorés de Juillet.

Un service sera également célébré, à onze heures du matin, dans l’Eglise réformée.

Un autre Service aura lieu, à neuf heures, dans le Temple israélite.

Fait à l’Hôtel-de-Ville, le 24 juillet 1834.

Le Maire de la ville de Lyon,

VACHON-IMBERT, Adjoint.

Vu et approuvé par nous Pair de France, Conseiller d’Etat, Préfet du Rhône.

Lyon, le 24 juillet 1834.

GASPARIN.