2- L’évolution de la bibliographie :

Selon Théodore Besterman, la bibliographie n’est pas « une invention née de l’imprimerie » car elle est née bien avant la fin de l’âge des manuscrits. Il montre dans son livre «  Les débuts de la bibliographie méthodique  » (1950) que, dès le deuxième siècle, Galien avait trouvé nécessaire d’établir une bibliographie de ses œuvres. Son ouvrage, De libris propriis liber, est classé en 17 chapitres : anatomie, philosophie, morale, grammaire, rhétorique etc. Il y a classé ses œuvres selon les thèmes des chapitres avec un commentaire sur chaque livre.

La bibliographie de Galien a été aussi dressée par d’autres que lui-même. Ainsi, le bibliographe arabe Hunayn ibn Ishaq (809-873) introduit dans sa bibliographie les œuvres de Galien et d’autres comme celles d’Hippocrate. Le manuscrit de cette bibliographie est conservé dans un musée à Constantinople 17 .

Besterman cite d’autres bibliographies anciennes comme celle de Bède au huitième siècle, Giraud le Cambrien au treizième siècle et d’autres bibliographies sorties plus tard, au quatorzième siècle. D’après Besterman, l’ensemble des bibliographies apparues jusqu’à cette date furent une forme d’auto-biographie. «  Ce sont des simples biographies dans lesquelles les écrits des personnages- qui naturellement n’étaient pas tous écrivains- ne sont mentionnés qu’en fonction de leur vie. Il est assez difficile de déterminer à quel stade une biographie devient une bio-bibliographie, avec la bibliographie comme élément primordial » 18 .

Les deux bibliographies de Saint Jérôme (392) et de Gennade de Marseille (480) semblent être plus dégagées dans la mesure où «  dans chaque cas, c’est moins d’hommes éminents qu’il s’agit- comme dans les ouvrages classiques- que d’écrivains et les deux hommes  se sont moins proposés d’écrire sur leurs vies que de dénombrer et exposer leurs œuvres» 19 .

Le début de l’ère typographique n’a, semble-t-il, rien changé dans la pratique des bibliographes. Leurs répertoires ressemblent fort, selon Louis-Noëlle Malclès, aux dictionnaires bibliographiques de l’époque du manuscrit où le bibliographe s’intéresse plus aux hommes qui ont écrit le livre qu’au livre-objet, support de l’impression.

D’après elle, la bibliographie qui s’intéresse au signalement des livres-objets se trouve constituée dès le XVIe siècle, et son histoire laisse apparaître trois grandes périodes d’évolution : une période humanistique (XVIe - fin XVIIIe), une période bibliophilique (fin du XVIIIe – début XIXe) et une période technique professionnelle (après 1810).

Notes
17.

Theodore Besterman, Les débuts de la bibliographie méthodique, Paris : La Palme, 1950, p14

18.

Idem, p 15

19.

Idem, p 15