4- La phase de saturation : à partir de 1995

Malgré la croissance de la production des bases de données entre 1995 et 1996, le nombre de vendeurs a relativement baissé. (Voir tableau 8).

Tableau (8) volume de croissance de BDDs électroniques (1995-1996) .
Année N. de vendeurs N. de producteurs N.de bases N. de notices en millions
1995 1810 2860 9207 8160
1996 1805 2938 10033 10757

L’augmentation de la diffusion « en texte intégral » a augmenté grâce aux possibilités offertes par Internet. Ceci inquiéta les producteurs de bases de données bibliographiques soucieux de conserver leur importance et leur rôle. En réalité, l’utilisation des bases de données bibliographiques sert à repérer les documents primaires dans leurs formats électroniques et imprimés. Avoir la possibilité d’accéder directement au document primaire en format électronique sans passer par l’intermédiaire des bases de données bibliographiques est une idée attractive pour l’utilisateur final. Car cela devrait lui permettre de gagner du temps.

En outre, l’amélioration des méthodes d’indexation automatique augmente la popularité des moteurs de recherche sur le texte intégral et, par conséquent, le doute des producteurs sur leur avenir.

Marc Guichard (1996), alors responsable du département marketing à l’Institut de l'Information Scientifique et Technique (INIST), souligne cet état de doute tout en confirmant le rôle et l’importance des bases de données bibliographiques pour la recherche d’information. Il indique à ce propos :

‘«La donnée bibliographique n’est pas remplacée comme on pourrait le croire par le texte intégral électronique. La recherche et l’analyse de l’information électronique et papier, auront la plupart du temps et pour longtemps encore besoin d’un pivot de recherche «rapidité, ,efficacité » constitué par des bases de données bibliographiques » 81 .’

Les années 90 ont été porteuses d’autres concurrences pour les producteurs privés des bases de données bibliographiques. Les développements technologiques, notamment l’explosion du réseau Internet et la généralisation du Web qui s’est imposé progressivement comme protocole de communication sur Internet et la politique publique de l’IST aux Etats-Unis qui a favorisé le développement des recherches et des actions en matière d’information scientifique numérique, ont permis aux producteurs publics d’offrir gratuitement sur Internet leurs bases de données concurrençant ainsi, le secteur privé du marché de l’information. Des institutions fédérales ont créé des bases de données accessibles gratuitement sur le «  bureau du chercheur » : Pubmed (Medline sur le Web) PubmedCentral (archives des articles en médecine, un projet mené par les National institute of Health). Ceci a renouvelé le débat sur la diffusion de l’information scientifique entre secteur public et secteur privé.

Par ailleurs, les producteurs ne sont pas les seuls à s’inquiéter. Les serveurs des bases de données bibliographiques sont, eux aussi, menacés par le développement du réseau Internet. Ce dernier favorise deux logiques de circulation des documents excluant les intermédiaires sur la chaîne de diffusion de l’information : une logique de circulation verticale où l’échange passe directement du producteur d’informations aux consommateurs et une logique horizontale où l’échange d’informations se passe entre pairs.

D’ailleurs, les utilisateurs apprécient la souplesse du média Internet et l’échange ouvert et illimité qu’il favorise. Pour eux, l’accès à l’information via l’Internet les libère des contraintes techniques des serveurs classiques. Ces derniers fonctionnent sur des ordinateurs centraux et coûteux avec des terminaux aux possibilités limitées et utilisent des réseaux dont le débit définit la richesse de l’information accessible : bibliographiques, structures chimiques, texte intégral, images….. De plus, la gratuité des informations accessibles sur le Web attire l’utilisateur final qui n’est pas toujours satisfait de la politique tarifaire complexe des serveurs en ligne : facturation sur le temps de connexion, sur le nombre et le volume des réponses, etc. Les langages de recherche compliqués des serveurs en ligne traditionnels ajoutent au mécontentement de l’utilisateur. Il préfère la convivialité des interfaces de recherche sur Internet qui sont proches de celles des bases de données sur CD-ROM. L’apport technique d’Internet porte aussi sur le multimédia (information multiforme : texte, images) et sur la possibilité des liens hypertextes et d’interconnexion des sites.

Internet et son économie particulière affectent donc, le cycle de vie de marché de l’information. Nous allons analyser les contraintes et les opportunités qu’offre Internet aux acteurs du marché de l’information bibliographique.

Notes
80.

Martha Williams, Gale Directory of databases: On line Databases, Farmington Hills :Gale’s Computer Readable Databases, 1999.

81.

Marc Guichard, « Le rôle des centrales documentaires dans la diffusion de l’information scientifique et technique », colloque interdisciplinaire à la maison des sciences et de la société, Poitiers le 2-3 septembre 1996.