La constitution des ontologies

L’un des chantiers majeurs de recherche en Web sémantique porte sur la réalisation des outils de représentation de connaissance véhiculée sur les réseaux, précisément sur les ontologies.

L’ontologie désigne un modèle conceptuel du domaine constitué de notions et de relations entre les concepts. L’ontologie dans cette perspective, serait, comme le thésaurus, une spécification formelle d’une conceptualisation ²⁵⁹ . Beaucoup de recherches existent en la matière, surtout des recherches en représentation et en ingénierie des connaissances.

Cependant, le problème pour le web sémantique est que les modèles existants sont spécifiques à leurs contextes de création. Leur déploiement à large échelle pose un problème d’interopérabilité, de standardisation, d’ouverture, de diversité des usages et de difficulté d’assurer une cohérence globale.

A notre avis, en se basant sur leur savoir-faire dans la constitution des thesaurus des bases de des connaissances à des fins d’indexation, les producteurs des BBD bibliographiques devraient étendre cette activité à la construction des ontologies de domaine ²⁶⁰ . En effet, les producteurs pourront largement contribuer au développement du web sémantique en apportant leurs réflexions aux débats actuels sur la réutilisation des ontologies pour plusieurs applications, la possible généricité et/ ou de l’interopérabilité des ontologies.

Plusieurs ontologies ont été élaborées jusqu’à présent. On en dénombre 250 écrites selon les normes (OWL, DAML+ OIL) ²⁶¹ . La plupart de ces ontologies sont développées par des fonds de recherche publics. Le gouvernement américain (via DARPA et NSF) et l’Union européenne (via les projets FP5 et FP6 du programme IST) ont investi dans le développement des langages d’ontologies. Ceci montre qu’une fois de plus les politiques publiques de l’IST constituent un des mécanismes essentiels au développement du marché de l’information.

En effet, parmi l’ensemble des acteurs des BDDs bibliographiques, ce sont les producteurs publics qui mènent actuellement des recherches pour le développement des ontologies. La NLM a construit, sur la base de son macro-thésaurus en biomédecine (MeSH), une plate-forme sémantique nommée UMLS (Unified Medical Language System). Elle mène actuellement des études sur les possibilités de faire évoluer ce réseau sémantique vers une ontologie générale dans le domaine biomédical. Elle mène, aussi, des investigations sur la possibilité de l’interaction de l’UMLS avec des ontologies développées récemment dans le domaine, notamment avec l’ontologie médicale GALEN, développée à l’université de Manchester.

La construction des ontologies est un choix stratégique qui exige des investissements importants. Mais le retour sur investissement est garanti puisque leur développement permettra aux producteurs de se positionner sur des nouveaux créneaux notamment celui de l’organisation et de gestion de web services proposés par l’ensemble des acteurs commerciaux du réseau.

L’état actuel de l’offre montre le positionnement des activités des acteurs des BDDs bibliographiques sur la chaîne de la valeur du portail d’information sur le Web. Seulement, les activités actuelles garantiraient–elles une bonne rentabilité du secteur à court terme ? L’analyse du marché selon le modèle des cinq forces développé par Porter, nous aidera à répondre à cette question.