Scénario 2 : offre non marchande des métadonnées
C’est la situation qui caractérise la désintermédiation d’offre des sources d’information primaires (mise en relation directe entre un auteur et un lecteur), accompagné par des réflexions sérieuses sur la nécessité de créer des métadonnées pour les ressources accessibles en ligne afin d’effectuer des recherches efficaces d’information.
En effet, c’est la dynamique d’une économie non marchande d’offre d’information sur le Web qui s’affirme ici. Elle se base sur des initiatives venant des bibliothécaires, des chercheurs, des informaticiens de laboratoires qui s’impliquent dans l’organisation des moyens d’accès aux publications scientifiques sur le Web.
Les bibliothèques s’investissent dans l’élaboration des sites fédérateurs de qualité contrôlée dans un but non lucratif. On pourrait citer par exemple: RDN: Ressource Discovery NetWork ( http:// www.rdn.ac.uk ), Agrigate ( http://www.agrigate.edu.au ) et EEVL : Enhanced and Evaluated Virtual Library ( http://www.eelv.ac.uk ). L’objectif consiste à sélectionner, à organiser et à faciliter l’accès à l’information nécessaire pour leur public. Ils utilisent des techniques issues de la bibliothéconomie (Dewey, CDU, LCSH, thésaurus).
Aussi, les chercheurs utilisent des outils décentralisés pour la création des métadonnées de leurs publications. Un certain nombre de projets de bibliothèques numériques soutiennent cette méthode tel que le projet de Library of Theses and Dissertations (NDLTD : http://www.ndltd.org ). et Metadata Generation Research, mené par l’école des sciences de l’information de l’université de North Carolina, avec la collaboration de l’institut national des sciences de l’environnement (NIEHS), l’institut national de la santé (NIH), OCLC et Microsoft. des Ce genre de pratiques incite de plus en plus d’attention, surtout avec l’accroissement du nombre de ressources disponibles sur Internet et, par conséquent, avec l’augmentation des coûts des professionnels chargés de la création métadonnées. Cependant,la qualité des métadonnées générées n’ pas satisfaisante 290
Parallèlement, les informaticiens des laboratoires de recherche publique s’impliquent dans la création de standards facilitant l’échange des métadonnées entre serveurs, tel que le standard d’Open Archive Initiative Protocol for Metadata Harvesting (OAI-PMH). Ce dernier a pour objectif de définir un mécanisme de transfert (harvesting) des métadonnées en XML, entre les différents entrepôts des archives ouvertes. Le protocole implique l’utilisation de schémas pour les métadonnées respectant le Dublin Core en format XML. L’objectif de la communauté d’Open Archive Initiative (OAI) est de surmonter les barrières techniques et économiques qu’imposent les protocoles existant (Z39.50).
Les acteurs développant le standard d’OAI-PMH font partie, selon HORN (2000), de la sphère du « monde de la création » qui se caractérise par une grande incertitude sur l’émergence du produit et sa capacité à satisfaire les besoins. Dans cette situation d’incertitude, la production ne peut s’effectuer que par des unités économiques non marchandes telles que des universités et des centres de recherche, des individus ou même des entreprises qui ne recherchent pas une rentabilité à court terme.
Ainsi, l’offre d’outils de recherche et d’accès à l’information est gratuite pour l’utilisateur final. Elle est assurée par un financement public. Les initiatives existantes concernent, en particulier, le secteur de l’information scientifique et technique. Elles s’inscrivent dans une lignée de réflexions autour d’une économie non marchande des publications des résultats scientifiques. L’offre des journaux électroniques pilotés par les chercheurs et la constitution des archives ouvertes montre l’aboutissement de ces réflexions.
La prolifération de telles initiatives dépend du rôle de l’Etat comme producteur et régulateur sur le marché de l’information. En effet, les organismes publics dans les pays occidentaux ont un rôle important dans le développement des produits informationnels. Néanmoins, l’absence de lois régulant le rôle et la responsabilité du secteur privé et du secteur public, peut conduire à un disfonctionnement du marché. Deux cas illustrent le propos :
La production de la base de données PubScience en 2000, par le département de l’énergie aux Etats-Unis a suscité beaucoup de discussions sur le rôle de l’Etat dans l’offre des services d’information. PubScience est une base de données gratuite qui relie les informations bibliographiques et le texte intégral d’articles provenant des différents éditeurs des revues scientifiques dans le domaine de l’énergie. Certains acteurs puissants commercialisant le même type de base de données ont protesté contre la concurrence induite par les organismes publics. La pression exercée a amené le département de l’énergie à se désengager des activités de production de PubScience en 2003.
Un deuxième cas illustre l’insuffisance des lois régulant les situations de monopole sur certains secteurs. Il concerne le refus de Westlaw d’accorder à la bibliothèque publique de Guyahoga un accès forfaitaire aux bases de données rétrospectives. En raison de sa situation de monopole, Westlaw impose sa politique de facturation selon le temps de connexion qui reste inabordable pour les bibliothèques publiques avec un nombre d’utilisateurs élevé. Ces situations de monopole poussent beaucoup de citoyens américains à s’interroger sur les lois régulant le marché de l’information dans leur pays. 291
