Scénario 4 : création d’un marché de niche
C’est la situation qui désigne la nécessité des producteurs de bases de données bibliographiques de se focaliser sur des activités de niche offrant des services destinés aux éditeurs et fournisseurs du contenu sur le Web.
L’édition sur le Web n’est plus limitée aux activités d’édition traditionnelle (livres, revues scientifiques, presse, musique etc.), mais à toutes entreprise s’engageant dans des activités de commerce électronique. Avec l’avènement des réseaux numériques, les entreprises ne peuvent livrer aux utilisateurs finaux des produits sous forme physique que des images, du son ou du texte numérisé, bref, du contenu. L’accès au contenu nécessite une organisation préalable. La demande de services de structuration et d’organisation des moyens d’accès aux contenus s’accroît. Ceci amène à une nouvelle forme d’intermédiation liée à l’accès au texte intégral entre autres sources d’information circulant sur les réseaux.
Les producteurs de bases de données bibliographiques ont les compétences nécessaires pour se positionner sur ce marché de niche. Ils peuvent proposer desactivités de structuration et d’organisation des contenus numériques (INIST) 293 . De nouveaux entrants arrivent sur le marché. Ce sont des petites sociétés qui utilisent activement les standards du Web (Innodata Isogen, INC) 294 .
L’offre du marché se concentre sur des activités de structuration en XML et la construction des ontologies.
La structuration du texte intégral dans un langage à balises, tel que XML, nécessite des compétences techniques que les petits éditeurs ne possèdent pas. En effet, cette activité nécessite pour les créateurs de contenu des investissements énormes au niveau matériel. Mais, l’ensemble des tâches constitue un volume de temps de travail conséquent. On dénombre :la construction et/ou le développement des spécifications d’une DTD existante ; la définition des fiches des métadonnées compatibles avec la DTD à destination des auteurs ; l’indexation approfondie du contenu et l’attribution des identificateurs pour la localisation et l’archivage ; la vérification de la validité de document balisé en utilisant une feuille de style etc., (voir schéma 2).
Cette difficulté à disposer des ressources nécessaires en interne pousse les différents éditeurs à la sous-traitance de l’activité auprès, entre autres, des producteurs de bases de données bibliographiques.
Aussi en se basant sur leur savoir-faire dans la constitution des thesaurus, des bases de connaissances à des fins d’indexation, les producteurs des BBD bibliographiques étendront leurs activités à la construction d’ontologies de domaine. La NLM construit, sur la base de son macro-thésaurus en biomédicine (MeSH), une plate-forme sémantique nommée UMLS (Unified Medical Langage System). 295
En sus, grâce aux compétences intellectuelles qu’ils possèdent, les producteurs de BDDs bibliographiques peuvent offrir des services aux sociétés productrices de contenus. Ces dernières demandent des services d’organisation de l’information produite en interne pour compléter l’achat des logiciels et des moteurs de recherche.
Verity et Autonomy qui monopolisent 70% du marché européen et américain de systèmes de recherche d’information pour les intranets des entreprises publiques, emploient des indexeurs humains pour extraire les termes pertinents des documents à organiser.
‘“Verity’s and Autonomy’s strengths do not lie in the firm respective technology. Verity relies on thesauri and what might be called traditional indexing by extracting terms. … Verity delivers this type of search effectiveness when the company’s software is properly set up.But as many Verity customers have discovered, this mean employing considerable human, manual efforts”. 296 .’
Les quatre scénarios ne fonctionnent pas en terme de substitution mais en terme de superposition d’offre des services de recherche et d’accès à l’information. Les quatre marchés coexistent car les acteurs opèrent sur des segments différents avec des caractéristiques d’offre différentes.
Cependant, plusieurs interrogations demeurent :
- La superposition d’offres de l’ensemble des acteurs sera-t-elle permanente ?
- Les évolutions technologiques (sophistication des moteurs de recherche), politiques (rôle de l’état producteurs et régulateur) et économiques (conjecture économique dans les pays occidentaux) approuveront-elles une telle superposition ou amèneront-elles à une substitution des acteurs existants ?
- La distinction entre secteurs STM/SHS (monopole/diversité des acteurs opérants) sera-t-elle toujours valable? Le secteur SHS connaîtra-t-il un mouvement de concentration entre acteurs de l’offre ?
- Quel type d’acteurs sera capable d’appréhender et d’incorporer le changement du comportement et des besoins des utilisateurs ?
Notre travail d’analyse s’est porté sur l’évolution à court terme du marché d’accès aux sources d’information en ligne. Un travail de spéculation et d’observation à long terme est nécessaire pour apporter des éléments de réponses aux interrogations posées. Les associations professionnelles et les instances nationales d’observation des marchés auront à pronostiquer les évolutions du marché de l’information à moyen et à long terme. Les conclusions issues du présent travail constitueront, du moins nous l’espérons, un point de départ à une collaboration future.