Le modèle de Brown et Levinson, élaboré en 1978 et remanié en 1987, se fonde sur la notion de « face », notion empruntée à Goffman. D’après leur modèle, tout individu possède deux « faces » :
Au cours de l’interaction, les participants accomplissent un certain nombre d’actes, verbaux et non-verbaux, et ces actes, appelés par Brown et Levinson des Face Threatening Acts (FTAs) constituent des menaces potentielles pour l’une et/ou l’autre des faces positive et négative de chacun des locuteurs. Les actes de langage sont donc classés dans quatre catégories, selon la face pour laquelle ils sont potentiellement menaçants :
Les faces d’autrui, comme nos propres faces, sont donc susceptibles d’être menacées lors de toute interaction. Pour pouvoir communiquer sans accrochage, les interactants ont à respecter certaines règles. Ainsi, selon Goffman, une interaction peut se dérouler « harmonieusement » si les locuteurs parviennent à se ménager les uns les autres, c’est-à-dire d’éviter les FTAs, que ce soit envers ses propres faces, ou celles de son interlocuteur. C’est ce qui est appelé le « face want », ou le désir de préservation des faces. Pour ce faire, les participants font un travail de « figuration », ce que Goffman appelle « face work », pour qualifier « tout ce qu’entreprend une personne pour que ses actions ne fassent perdre la face à personne (y compris elle-même) » (1974b : 15). Pour Brown et Levinson, un certain nombre de stratégies sont accessibles aux locuteurs afin de leur permettre de préserver les faces, alors même qu’un certain nombre d’actes sont potentiellement menaçants pour ces faces.
‘La politesse apparaît comme un moyen de concilier le désir mutuel de préservation des faces, avec le fait que la plupart des actes de langage sont potentiellement menaçants pour telle ou telle de ces mêmes faces (Kerbrat-Orecchioni, 1992 : 174).’Nous reprenons ici le schéma représentant l’inventaire des cinq « super-stratégies », sans détailler toutefois toutes les variétés découlant de celles-ci 31 :
La notion de « bulle » sera étudiée en proxémique, notamment , par Hall & Hall (1990 : 62) : « La "bulle" personnelle est une autre forme de territoire. Chacun de nous vit dans une "bulle" invisible (…) dont l’accès est interdit ou, dans le meilleur des cas, restreint et limité dans le temps ».
Voir pour cela Kerbrat-Orecchioni, 1992 : 174-175.