3.1.L’ethnographie de la communication

Hymes a publié en 1962 un article intitulé « The ethnography of speaking » dans lequel il écrit que le message verbal doit toujours être étudié en contexte : ‘«’ ‘ La parole est un processus de communication à étudier dans son contexte social à la manière des ethnographes ’ ‘»’ (Hymes, 1962, in Kerbrat-Orecchioni, 1990 : 59). Les travaux publiés par la suite par Goffman, Erving-Tripp, Sacks, Labov, etc., quelle que soit la discipline à laquelle ils se rattachent (linguistique, ethnologie etc.), adhèrent aux principes définis par Hymes, qui a jeté, dans son article, les bases d’une nouvelle discipline. Il est le premier à parler d’« ethnographie de la communication » (« the ethnography of speaking » 33 ). Pour lui, tout comportement et tout objet peuvent être communicatifs, d’où l’importance qu’il donne au contexte physique et socio-culturel dans lequel se déroule l’interaction. Il propose de procéder à une investigation ethnographique des comportements, des situations et des objets qui sont perçus au sein d’une communauté donnée comme ayant une valeur communicative. Hymes a aussi créé le concept de « compétence de communication » qui fait pendant à la notion de « compétence linguistique » développée par Chomsky.

‘Pour communiquer, il ne suffit pas de connaître la langue, le système linguistique ; il faut également savoir comment s’en servir en fonction du contexte social (Bachmann, Lindenfeld et Simonin, 1991 : 53).’

L’objectif des ethnographes de la communication, tels que ceux que nous avons déjà cités précédemment (Hymes, mais aussi Gumperz, Goffman, Ervin-Tripp, De Salins), est de

‘décrire l’utilisation du langage dans la vie sociale, et plus précisément, de dégager l’ensemble des normes qui sous-tendent le fonctionnement des interactions dans une société donnée (Kerbrat-Orrechioni, 1990 : 59). ’

Leur démarche est inductive, empirique, et « naturaliste », c’est-à-dire qu’elle consiste à observer des éléments de communication dans leur milieu naturel, puis à rendre compte des données recueillies sur le terrain. C’est aussi « concevoir derrière les conduites un ensemble de règles organisées en codes » (Winkin, 2001 : 128). Au cœur de la démarche ethnographique, se trouve l’observation participante. Nous allons voir que les ethnométhodologues procèdent selon le même type de démarche, démarche que nous avons aussi adoptée pour le recueil de nos données.

Notes
33.

En 1964, un supplément à la revue The american anthropologist, intitulé « The ethnography of communication » est publié, rendant ainsi public ce nouveau domaine, d’abord esquissé par Hymes en 1962. Voir le bilan fait par Bachmann, Lindenfeld et Simonin, 1991 : 61-71.