3.Du point de vue de l’interaction

La façon dont nous nous percevons nous-mêmes et nous percevons autrui dépend des autres. C’est donc dans l’interaction que chacun prend conscience de soi et d’autrui, à travers l’exécution de rôles. Cette approche interactionniste de l’identité, si elle a largement été développée par G. H. Mead dans les années trente 111 , avait été décrite bien plus tôt, en 1890, par William James dans ses Principes de psychologie. Dans le chapitre « La conscience de soi », il souligne le fait qu’autrui joue un rôle essentiel dans la conscience de soi, et qu’une personne ‘«’ ‘ a autant de soi qu’il existe d’individus qui la reconnaissent ’ ‘»’ (James in Lipiansky, 1992 : 47). L’individu s’imagine dans le regard d’autrui (le « soi reflété dans un miroir » 112 ), et va anticiper les jugements que les autres peuvent porter sur lui. Notre travail ayant pour objet d’étude l’interaction professionnelle, il sera donc nécessaire de considérer les identités dans une perspective interactionniste 113 .

Notes
111.

Mind, Self and Society, 1934, traduit en français L’Esprit, le Soi, la Société, en 1963, est un recueil posthum de ses cours donnés à l’université de Chicago.

112.

The looking-glass self.

113.

« Les identités s’actualisent dans un processus d’échanges socialement situé », Lipiansky, Camilleri et al., 1990.