3.1.G.H. Mead

Mead rejoint d’autres sociologues et psychologues qui eux aussi se rattachent à l’interactionnisme symbolique 114 . L’interactionnisme symbolique s’attache en effet à ‘«’ ‘ l’analyse des relations entre l’individu et la société, en développant l’idée selon laquelle la formation du soi s’élabore dans l’interaction avec autrui à partir de la prise de rôles ’ ‘»’ (Baugnet, 1998 : 49), à l’analyse des conduites, des pratiques symboliques (le langage, grâce auquel il y a représentation symbolique de l’autre, et le jeu 115 ). C’est donc avec G.H. Mead (et l’école de Chicago) notamment que le Soi commença à être abordé comme une « structure sociale, et naît dans l’expérience sociale » (Mead, 1963 : 119), c’est-à-dire résultant des interactions. Ainsi, le Soi n’est plus alors présenté comme « substance singulière » mais comme le produit de relations entre individus. C’est dans sa théorie des rôles sociaux que Mead explique :

‘L’interaction sociale est le lieu à partir duquel se construisent leurs représentations d’autrui et d’eux-mêmes, représentations servant à organiser les conduites durant les rapports extérieurs avec les partenaires sociaux (Vinsonneau, 1997 : 64).’

Ainsi, en entrant en interaction avec autrui, l’individu va s’imaginer dans le regard d’autrui, et la communication peut alors modifier, entre autre, la perception que l’individu a de lui (la conscience individuelle).

Notre analyse des interactions de travail n’est donc pas séparée de celle des identités et rôles de la secrétaire. L’analyse des interactions entre secrétaire et clients et secrétaire et patron nous a poussée à nous poser certaines questions concernant la place de la secrétaire au sein de l’entreprise, les identités revendiquées par celle-ci ainsi que les rôles activés. Mais cette analyse des identités ne peut se faire, du point de vue de l’interactionnisme symbolique, sans une analyse, en parallèle, des interactions :

‘Le traitement interactionniste de l’identité suppose une thèse commune : aucune analyse pertinente du soi ne saurait être produite séparement d’une analyse des interactions avec les partenaires (Queiroz et Ziolkowski, 1995 : 45).’

Cette notion du Soi définie par Mead rejoint celles de « face » et de « rôle », puisque la conscience de soi s’élabore à partir de la prise de rôle, que la communication avec autrui ne peut se faire qu’en remplissant un rôle, et

‘ce que l’on met en jeu dans l’accomplissement d’un rôle n’est autre que sa face, cette fraction du soi, qui, dans la mesure où elle est en partie sous la dépendance de l’autre, devient une partie objectale du moi (Vion, 1992 : 35). ’

C’est ce que nous allons définir maintenant.

Notes
114.

Terme créé en 1969 par Blumer, successeur de Mead à l’université de Chicago.

115.

Notamment l’enfant, qui, par le jeu, « essaie » de nouveaux rôles. C’est par l’exercice des rôles que les individus vont construire activement leur identité.