4.Les notions de rôle et de statut

Pour l’interactionnisme symbolique, l’individu ne peut se constituer de façon individuelle qu’en se socialisant, cette socialisation se réalisant par l’adoption de rôle, « au moyen d’interactions médiatisées par le langage » (Habermas, 1987 : 442). Et, selon Vion,

‘Jouer un rôle implique donc la gestion de deux positions, symétriques ou complémentaires, constitutives d’un rapport de places. Nous sommes ainsi conduit à actualiser notre face, notre soi, à l’intérieur d’un système de places par lequel nous construisons également une image de l’autre (1992 : 35).’

Chaque individu vit dans un environnement social, il appartient à un groupe. Il lui est attribué une certaine position au sein des groupes auxquels il est affilié (nous verrons qu’un même individu peut évoluer dans plusieurs groupes, et avoir donc plusieurs statuts), ainsi que des tâches et des fonctions particulières, liées au(x) statut(s) occupé(s). L’identité intègre donc ‘«’ ‘ les statuts et les rôles de chaque individu en réponse aux statuts et rôles des autres constituant son environnement social ’ ‘»’ (Baugnet, 1998 : 14).

Les interactions de nos corpus sont, nous l’avons vu dans notre deuxième partie, complémentaires. La complémentarité est une notion qui se fonde sur la relation établie par les rôles des participants à l’interaction, qui sont, dans les entreprises de nos corpus, la secrétaire et le client. Ainsi, l’activité d’échange dans laquelle se trouvent les participants leur assigne des rôles de secrétaire et de client, l’équivalent dans les interactions de commerce étant les rôles de vendeur et d’acheteur ou demandeur d’informations. En fonction de leur statut, chaque participant s’engage dans un rôle particulier, afin de mener à bien l’activité dans laquelle il est engagé, c’est-à-dire une activité de commerce. Nous avons vu avec Goffman que le rôle interactionnel était comparable à celui d’un acteur de théâtre, mais nous allons définir ces notions de façon plus générale.