1.1.1.Les marqueurs de nature verbale

Les marqueurs peuvent être de nature verbale :

(1) L’interlocuteur peut reconnaître une question aux préliminaires (Schegloff, 1980) qui la précèdent, préliminaires qui permettent d’amortir l’acte menaçant dont il est question. La question reste une incursion territoriale, et

‘c’est un fait généralement reconnu qu’une action impliquant une intrusion sur le territoire d’autrui est perçue comme moins menaçante pour sa face négative si elle est préalablement annoncée (Roulet et al., 1985 : 82).’

On peut trouver ainsi, précédant une question, des formules du type : « Je peux vous poser une question ? », ou « Ce serait pour un renseignement s’il vous plaît » (Corpus Assureurs). Ces formules préliminaires sont des formes additives, qui présupposent qu’il peut y avoir dérangement, et qui fonctionnent alors comme un « désarmeur » : « On anticipe une réaction négative de la part du destinataire de l’énoncé » (Kerbrat-Orecchioni, 1992 : 217).

Interaction 6 (Artisans, 99)

6C (…) voilà j’aurais aimé un p’tit renseignement euh::: en: 96 . nous avions fait installer une fermeture de loggias en aluminium

(…)

12C j’voulais savoir si euh: y’avait possibilité de faire quelque chose

(2) Les marqueurs peuvent être incorporés à l’énoncé de l’acte en lui-même. Il s’agit des expressions performatives, comme « Je te demande si… ? », le verbe « dire » à l’impératif ou sous une autre forme (« Pourrais-tu me dire… ? »), l’incorporation de marqueurs morpho-syntaxiques : utilisation de morphèmes interrogatifs tels que « est-ce que » en début d’énoncé, « hein ? », « n’est-ce pas ? », en fin d’énoncé, ainsi que d’autres morphèmes comme « quand », « où », « quel », etc., l’inversion du pronom sujet (qui reste assez rare à l’oral). Ces morphèmes permettent ainsi de ne pas émettre la requête ex abrupto. Par exemple, dans nos corpus :

« Est-ce que vous avez du:: pfff 8019 en MBU une longueur » (Interaction 32, Fournisseurs)

« Est-ce que vous pourriez me donner un tarif pour un: cyclo s’il vous plaît » (Interaction 24, Assureurs)

Nous développerons ces différents procédés dans la partie suivante, consacrée à l’étude détaillée de nos corpus. Nous verrons dans nos corpus que de nombreuses questions n’ont pas de marque morpho-syntaxique ou lexicale, c’est notamment la prosodie qui peut les marquer alors comme question, mais aussi le contexte.