1.1.2.Les marqueurs de nature prosodique

La question totale a un schéma mélodique généralement montant, mais il est difficile de définir l’importance de ce type de marqueur dans la reconnaissance d’une question. D’après plusieurs études 186 , il semble que l’intonation ne suffit pas pour reconnaître une question, le contexte étant alors un indice supplémentaire pour l’identification de l’acte de question. En effet, certaines questions sont dénuées de tout marquage explicite, et c’est le contexte qui va permettre de les catégoriser comme questions. Dans les interactions de nos corpus, c’est le type d’activité dans lequel s’inscrit l’échange qui va permettre de catégoriser la question comme telle.

Dans les interactions de travail au téléphone telles que celles de nos corpus, la secrétaire s’attend à ce que le client formule le but de son appel, c’est-à-dire une demande (d’un dire ou d’un faire). C’est ce qui lui permettra de repérer la question, même si celle-ci n’est pas marquée comme telle. Précisons ici que ces demandes sont bien des demandes d’un dire (« Pouvez-vous me dire si le patron est là ? »), qui sont implicitement des demandes d’un faire, c’est-à-dire des requêtes (« Pouvez-vous me le passer ? »). En effet, dans ces cas-là, une requête indirecte vient se greffer sur la question directe. D’ailleurs, la réponse de la secrétaire illustre bien le caractère double de ce type de question, puisqu’elle répond en général à la requête indirecte :

Interaction 18 (98)

4C le chef

5S il est: en ligne j’peux vous aider

Interaction 8 (97)

4C il est là Michel ↑

5S ne quittez pas

Interaction 16 6C Michel (rire)

7S il est en ligne

Nous avons vu que la plupart des demandes de dire sont, dans les entreprises de nos corpus, des demandes de renseignements. Nous en venons maintenant à la demande d’un faire, ou requête.

Notes
186.

Voir, Grundstrom (1973), Bolinger (1982), Stenström (1984), qui ont travaillé sur des conversations spontanées et qui ont observé une grande variété des schémas intonatifs accompagnant l’énoncé d’une question totale. D’après ces études, « on peut donc difficilement parler d’une intonation spécifique de la question » (Kerbrat-Orecchioni, 1991 : 90).