2.1.1.Relation horizontale, relation verticale

La relation interpersonnelle est constituée essentiellement de deux facteurs, le facteur « D » et le facteur « P ».

Le facteur « D » correspond à la distance sociale, on parle de la relation horizontale. Elle correspond à la distance entre les interactants, c’est-à-dire qu’ils peuvent se montrer plus ou moins proches ou distants : « Ou bien ils peuvent s’orienter vers la distance, ou bien ils peuvent s’orienter vers la familiarité et l’intimité » (Thomsen, 2000 : 143). Différents facteurs peuvent intervenir sur la relation horizontale (sexe, âge, nature de la relation préexistante, type d’interaction, etc.). Plus cette distance sociale est grande entre les interactants, plus la menace peut être forte, et plus il est conseillé d’adoucir l’énoncé menaçant, par le biais d’adoucisseurs.

Parmi les différents types de marqueurs de la relation horizontale, nous pouvons relever les marqueurs paraverbaux, tels que le volume, le timbre de la voix et le rire, le débit, l’importance des chevauchements de parole, etc., et des marqueurs verbaux tels que l’utilisation de termes d’adresse, le choix des thèmes abordés, le niveau de langue utilisé, etc. Nous avons pu remarquer, au cours de nos différentes études, que certaines secrétaires étaient plus ou moins formelles, d’autres plus ou moins familières, avec les clients et les autres employés de l’entreprise (l’utilisation du tutoiement, de termes d’adresse affectifs, etc.). Mais d’une façon générale, il ne nous semble pas que la relation horizontale soit la plus pertinente à observer dans le cadre d’interactions de travail (mis à part les appels internes).

Le facteur « P » correspond à la relation hiérarchique.

‘Au cours du déroulement de l’interaction, les différents partenaires peuvent se trouver placés en un lieu différent sur cet axe vertical invisible qui structure leur relation interpersonnelle. On dit alors que l’un d’entre eux se trouve occuper une position « haute », de « dominant », cependant que l’autre est mis en position « basse », de « dominé » (Kerbrat-Orecchioni, 1992 : 71).’

Ce rapport de places dissymétrique dépend de différents types de facteurs, notamment les données contextuelles (dont le statut, le rôle interactionnel, les compétences, etc.), mais il peut se modifier au cours de l’interaction, avec la production, par les locuteurs, de marqueurs de position haute ou basse, aussi appelés « placèmes » ou « taxèmes » par Kerbrat-Orecchioni (1992). Parmi ces taxèmes, certains sont de nature non verbale, comme l’apparence physique, marqueurs évidemment non pertinents dans le cadre de nos interactions. Les autres marqueurs sont des marqueurs de nature paraverbale, précisément vocaux et prosodiques : accentuation, ton utilisé, débit (« une grande volubilité peut assurer la supériorité interactionnelle en tant qu’elle est signe d’aisance », ibid. : 81), chevauchements de parole, etc. Nous n’en parlerons pas plus ici, ceci n’étant pas le thème de cette partie. Enfin, les marqueurs de la relation verticale peuvent être verbaux. Ce sont, entre autre, l’organisation structurale des tours de parole (marqueur se situant au niveau de l’interaction), les thèmes (nature, initiatives des thèmes 190 ), et ceux qui nous intéressent ici, les actes de langage (marqueur se situant au niveau du contenu).

‘La valeur taxémique des actes de langage, qui constituent sans doute la catégorie la plus riche (…) dans l’ensemble des marqueurs verbaux du rapport de places, peut être mise en corrélation avec leur fonctionnement en tant que « Face Threatening Acts » (ou FTAs) (ibid. : 94).’

Notes
190.

Voir Kerbrat-Orecchioni, 1992 : 82-100, Thomsen, 2000 : 150-158.