Apparition dynamique de signifiants formels dans les processus graphiques

Sur ce registre spécifique, je commencerais par une singulière similarité apportée par un auteur sur mon hypothèse de processus graphiques comme représentants des signifiants formels, eux-mêmes représentants des premiers vécus et premières relations à l’objet primaire. Cette « confirmation » a été apportée par J. Doron dans sa préface à la deuxième édition des enveloppes psychiques réédité en 2000. Il écrit en effet que les signifiants formels, sont des "[…]phénomènes très concrets et permettent de comprendre certains aspects figuratifs du fonctionnement mental". Ils peuvent émerger de l'expérience graphique et servir de médiateurs relationnels (p10).

Cela étant, comme j'en émettais l'hypothèse, il en découle selon J. Doron (2000) que l'épreuve projective est un lieu privilégié pour l'observation de ces limites se dessinant et se redessinant sans cesse dans le rapport de soi à l’autre. Ainsi, au niveau de mon dispositif, dans ma proposition de fournir une grande feuille aux membres du groupe, j’induisais implicitement que les traces graphiques composées par chacun autour de la table avaient aussi une valeur de délimitation dynamique des espaces. Les notions de limites et d’interface sont définies par J. Doron comme possédant une double fonction. L’interface est une limite organisatrice d’une différence entre au moins deux espaces complémentaires et permet secondairement que des échanges se produisent. En cela le signifiant formel est bien un plus petit commun dénominateur des enveloppes psychiques (Id p 11).

En tant que tel, il introduit non seulement (ce sur quoi j’avais particulièrement insisté dans mon DEA) des points de fixations structurels mais aussi et surtout ce que j’appellerai un représentant-représentation de la dynamique pulsionnelle et interrelationnelle, voire intersubjective. La fonction d’interface des enveloppes psychiques empêche celles-ci d’être fermées sur elles-mêmes, ce qui introduit une différence importante par rapport au modèle analogique du moi-peau.

Dans les épreuves projectives, le signifiant formel se reconstituerait ainsi au cours de la relation en devenant témoin d’une notion psychique habituellement impalpable. J. Doron écrit à ce propos : "L'objet ou la série d'objets graphiques deviennent des signifiants formels qui ont une fonction d'interface en mettant en forme un aménagement de la limite, support de la cohérence du fonctionnement psychique" (p11-12). Il poursuit en précisant que dans toutes épreuves projectives, moins la consigne est précise, plus les projections de l’image du corps, s’exprimant par la mise en place de ces limites et interfaces, sont nombreuses.

Je conserverai par la suite ces notions en positionnant notamment, ce que j’avais laissé entendre dans la conclusion de mon DEA, le signifiant formel comme concept-clé dans ma lecture des traces. Je reviendrais plus loin plus en détail sur ces notions.