Traces graphiques dans leur dimension relationnelle et dynamique

Revenons à présent au tableau historique dressé par A. Anzieu (1996). Après S. Morgenstern, pionnière certes encore maladroite sur le plan thérapeutique mais, comme nous venons de le voir, ô combien nécessaire pour le développement actuel de nos connaissances, ont fait suite les travaux d’A. Freud et de M. Klein.

Si la première voit dans le dessin un moyen apporté aux enfants de se rapprocher d’une analyse d’adultes par le biais d’associations libres sur le conflit intrapsychique qu’il fournit, la seconde introduit la notion de changement dans les dessins, celui-ci témoignant d’une relation hic et nunc avec les états émotionnels. Les dessins ne sont donc plus le seul témoignage d’un rapport passé. M. Klein pose aussi une autre donnée primordiale : le symbole figuratif va servir d’appui aux émotions exprimées par le dessinateur. Cela confirme la double idée que les traces sont des représentants de l’expérience relationnelle et pulsionnelle présente en même temps qu’elles ont des moyens, des vecteurs, des formes nécessaires pour transcrire ces contenus affectifs bruts.

Ces recherches princeps trouveront des suites contemporaines notamment dans l’ouvrage d’A. Anzieu (1996) présenté ici. Celle-ci insiste ainsi beaucoup, avec ses coauteurs sur la dimension transféro-contre-transférentielle à prendre en compte et exploiter dans tout travail thérapeutique. Sur ce plan, M-C. Fournival (1996) montre dans sa recherche comment cette dimension dynamique joue dans un processus graphique dans lequel l’ancienne relation à la mère est recherchée. Par effet transférentiel, le créateur de traces cherche à restaurer sa peau psychique dans la relation thérapeutique. Aussi M-C. Fournival parle-t-elle de la trace comme un outil thérapeutique, un « objet-trace ».