Description du dispositif

Notre dispositif actuel est constitué de deux temps, deux phases. Celles-ci se décomposent de la façon suivante :

  • Une première phase est orientée sur un temps de retrouvailles. Celui-ci est très souvent nécessaire pour ces sujets perdant quelquefois jusqu’à leurs repères, voire leur identité pour certains, dans les déplacements, les changements de groupe. Après un recadrage général sur les raisons de notre rencontre, avec demandes très précises sur nos actes (pour dessiner, peindre, ce que chacun a en tête), il est proposé initialement à chacun de se replonger dans les productions de la séance précédente. Tous sont ainsi invités à dire ou à montrer quelque chose de leur ancien travail graphique, de celui d’un autre ou bien celui du groupe. Rapporté analogiquement aux trois temps du rêve 9 , je comparerai ce temps initial au temps du rêve narré et du pré-rêve. Nous leur demandons en effet de nous remémorer l'ancien rêve et en faisons à partir de là un commentaire quant à son contenu, sa dynamique et les mécanismes intersubjectifs qui s'y sont joués. Là aussi, nous sommes attentifs aux éventuels écarts entre ce qui a été dit du travail lors de la dernière séance (ancienne narration) et ce qui en est actuellement dit. Toutefois, au-delà de l’analogie onirique, notre effort porte surtout à faire sortir chacun de sa « bulle narcissique » en créant le lien entre chacun. Par le biais de la trace graphique déposée, nous tentons, dans une perspective de reconstruction de « chaîne associative graphique » (R. Jaïtin, 1998), de ramener les sujets du groupe dans le contexte groupal là où ils ont tendance à rechercher un collage avec nous, co-thérapeutes. Les traces jouent ainsi un rôle de point d’ancrage « terrien » là où il pourrait aisément y avoir évasion, fuite ou encore emprise, tyrannie groupale.
  • La deuxième phase est celle du temps de production proprement dit. Elle représente le temps du rêve, temps de déploiement du processus onirique. Nous essayons ici de laisser libre cours à l’imagination des sujets du groupe, n’imposons pas de thèmes. Dans cette phase, nous faisons peu d’interprétation, tout au plus tentons-nous parfois d’étayer graphiquement quelques traces diffuses, perçues de temps en temps, par quelques dessins à vocation figurative Nous nous faisons alors porteurs de représentations-choses. Au fond, nos tentatives visent à nous retirer d'une position de " toute puissance", position dans laquelle nous sommes souvent assignés et courons le risque d'être enfermés, phénomène peut-être inéluctable à la position d’animateurs / thérapeutes gérant un groupe de sujets déficitaires.

Notes
9.

Voir par exemple R. Roussillon (1999) dans sa comparaison métaphorique entre temps du rêve et cadre psychanalytique.