Pour situer une fantasmatique récurrente dans notre groupe

Il nous semble important dans cette partie méthodologique de prendre en compte un élément fondamental de la fantasmatique groupale. Comme R. Kaës (1982, 1993, 1994, 1999) l’a souligné à maintes reprises, « […] ce qui est refoulé ou dénié chez les psychanalystes se transmet et se représente dans le groupe des participants et l’organise symétriquement : ce qui demeure refoulé ou dénié ou désavoué chez les uns et chez les autres fait l’objet d’une alliance inconsciente pour que les sujets d’un lien soient assurés de ne rien savoir de leurs propres désirs ». (1999, p 762- 763). Cela acquiert les caractéristiques et le statut d’un refoulement originaire pour les participants et s’intrique dans la fantasmatique groupale.

Cet effet fondateur nous incite donc, j’y ai déjà insisté, à analyser notre contre-transfert et inter-transfert afin de saisir ce qui s’y joue à maintes reprises. Or avec Agnès, nous avons co-construit cet atelier. Notre lien peut donc être pris comme un lien sexué, ce qui surdétermine toutes les interprétations, toutes les croyances possibles (imago maternelle archaïque, parents combinés, etc.), d’autant que cela se joue auprès de fonctionnements psychiques qui n’ont pas eu accès à une phase oedipienne névrotisée.

Au fond, sans le nier mais sans le verbaliser non plus, nous sexualisons les rapports, nous renvoyons les sujets du groupe à la scène primitive. Malgré nous nous renvoyons cette forme d’excitation diffuse qui est prise chez chacun de façon idiosyncrasique. Outre les exemples que j’utiliserai plus loin en ce qui concerne Salem ou Laurent, il est par exemple arrivé à Grégoire ou à Rolland de nous demander si nous habitions dans cet atelier.

Si j’ai préféré mentionner ce fait, c’est à la fois pour en souligner l’importance sur un plan théorico-clinique mais aussi et surtout parce qu’il convient de l’avoir en tête dans notre travail d’interprétation à venir.