5-2-4- L’appareil psychique admet-il une géométrie fractale ?

Intérêt préalable

Certes l’objet essentiel de cette thèse était au départ moins large, moins « prétentieux » que cette vision qui consiste à redéfinir le cadre général de certaines approches métapsychologiques. Néanmoins, après maintes réflexions sur le sujet, il me semble ne plus pouvoir laisser cela de côté. Ce travail pourra tout au moins représenter une base d’étude pour d’autres applications.

En outre, je ne ferais ici que recenser et m’appuyer sur des concepts déjà reconnus en psychologie clinique en tentant la transplantation sus-évoquée. Je rappelle l’intérêt de ce travail : il a tout d’abord été thérapeutique  : il m’a en effet semblé dynamique et moteur de trouver dans le peu de matériel symbolisé et construit, en apparence, par les patients psychotiques et autistes avec lesquels je travaille, à la fois des fragments de contenus plus anciens, des pans de contenus actuels ainsi que des germes de contenus à venir. Tout comme il est impératif en leur présence de déployer pour eux un continuum temporel dans lequel nous sommes pris (alors qu’ils auraient plutôt tendance à rester dans un présent continuel), il est important de saisir, dans leur manifestation et production, des traces d’éléments allant du plus archaïques au plus élaboré (P. Aulagnier, 1975) mais aussi du plus contigu au plus continu.

Si, avec d’autres chercheurs dont B. Chouvier, nous nous attachons à montrer qu’il en va de même pour les constructions liées à l’appareil psychique, si l’appareil psychique se constitue lui-même dans une dimension fractale, il convient de le démontrer.

Une première réflexion de bon sens consiste à remarquer que l’on aurait du mal à voir dans le psychisme un fonctionnement basé sur des repères issus de la géométrie euclidienne, unique, unaire, lisse. A moins d’hypothèses déterministes renvoyant à un effet, une cause univoque, l’on constate quasiment toujours, lorsqu’on se donne la peine d’approfondir, des causes multiples à ramifications complexes, des effets différents pour une même cause. C’est bien que l’appareil psychique ne peut admettre une topologie linéaire. Dans le champ métapsychologique, psychopathologique ainsi que dans celui des processus de création et médiation, les conceptualisations actuelles de l’appareil psychique se servent des mathématiques et plus particulièrement du facteur chaotique ou théorie des catastrophes. J’en citerai quelques uns des plus récents : D. Anzieu (1987), D. Houzel (1987), J. Doron (1987- 2000) ; certains collectifs en font même appel à des mathématiciens pour cela ( J-P. Duport-Rozan, 2000).

- De là la possibilité de revenir sur les concepts de D. Meltzer (1980) sur les quatre dimensions de l’appareil psychique. Ce concept de dimensionnalité, reprises par D. Houzel (1985), admet trop volontiers des dimensions à nombres entiers. Comment résoudre ce problème ?