5-2-5-1- Notion de structure et position freudienne

Le fractal, étant une théorie de la forme à la base, est reliée à la notion de structure. Un tout y englobe un ensemble de parties liées les unes aux autres par certains liens. Je rappelle à ce sujet la ligne saillante qu’il est possible de dégager à partir des définitions données par J. Bergeret (1974) sur le terme de structure. Quelque soit les définitions apportées par le Littré, le Robert ou le Larousse, le point commun de celles-ci est marqué par un écart entre les parties et le tout et la façon dont ces parties s’agencent pour constituer un tout. Ainsi les parties d’un tout s’arrangent entre elles d’une certaine manière et de façon plus ou moins immuable.

Pour S. Freud (1932), la métaphore du bloc de verre minéral est parlante en ce sens. Qu’on en vienne à laisser choir sur le sol ce bloc et l’on constate qu’il va se briser selon des lignes de clivage déjà inscrites dans sa structure, donc dans sa totalité. Ces lignes de clivage, pourtant invisible à l’œil nu, préexistent cependant, marquant ainsi l’existence singulière de tout corps chimique. Freud opère à un rapprochement entre cette physique minérale et le domaine psychique. Les hypothèses déterministes font de ce patrimoine un fond embryonnaire propre à influencer les processus psychiques.

Mais comment tout ceci se déploie-t-il dans l’appareil psychique ? Tout ces éléments restent-ils figés, comme dans le cristal, ou bien sont-ils en mouvement ? S’ils sont en mouvement, quelles sont les lois qui le régissent ? Comment harmoniser cette conception avec celle d’un inconscient qui, en tant qu’instance, génère continuellement des processus de transformation (condensation, déplacement, diffraction) ?

Si ces réponses apparaissent partiellement dans l’œuvre freudienne au travers du point de vue dynamique, reste que cette conception d’un psychisme composé à partir d’éléments identificatoires successifs forment bien la base sur laquelle s’appuiera J Bergeret pour aborder sa conceptualisation des structures psychopathologiques. Une fois la cristallisation définitive survenue, aucune variation possible ne pourrait intervenir par la suite. Le sujet serait pris dans une structure psychotique ou névrotique reconnue comme stable. Certes, des fluctuations dans la vie du sujet pourront avoir lieu, qui créeront tantôt une adaptation, tantôt une désorganisation, une décompensation, mais tout ceci se réalisera dans le cadre d’une structure de base.

En cela la dimension fractale, telle que définie dans l’équation présentée ci-dessus, peut se concevoir sous les aspects topiques et économiques. Manque toutefois dans ce modèle, peut-être un peu trop figé, la portée parfois très importante que peut prendre le point de vue dynamique. Ainsi un lien traumatique intense et répété survenant dans la vie d’un névrosé adulte (lien que nous nommerons, une nouvelle fois par commodité, de dimension 1) ne peut-il le faire décompenser sur un mode psychotique ? Les apports kleinniens, jouxtant sur le plan synchronique en permanence les aspects psychotiques et névrotiques de la personnalité, me semblent plus en adéquation avec le concept que je développerai plus tard d’éléments psychiques denses jouant un rôle centripète de force de gravitation.

Quoi qu’il en soit, la métaphore du bloc de verre minéral, bien que trop rigide dans la métaphore choisie, peut être trop isomorphique dans la transmission inter-instancielle, indique bien comment les différentes strates de la vie mentale se superposent pour créer l’appareil psychique. On se souvient également à ce niveau de l’autre métaphore utilisée par S. Freud dans son analogie entre le travail psychanalytique et le travail de fouilles archéologiques. A tout niveau des éléments antérieurs ou ultérieurs (en latence) apparaissent.