5-3-1- Sur les attracteurs étranges. L’apport des physiciens

J’emprunterai une nouvelle fois ces définitions et explications au travail de Trinh Xuan Thuan (1998). En physique, les attracteurs étranges sont considérés comme « un sous-ensemble d’états, de structure fractale, vers lequel évolue un système dynamique chaotique, indépendamment des conditions initiales de ce dernier. » (p 448). Dans un système solaire par exemple, les attracteurs représentent une force de gravitation entraînant des planètes plus petites dans leur champ orbital. Ils sont étranges en cela que les orbites de plusieurs planètes et étoiles entre elles sont à la fois convergentes, attirées les unes vers les autres, et divergentes, les orbites divergents « exponentiellement avec le temps ». Etranges aussi car, les dessins simulés par ordinateur que forment les différentes orbites successives sont « bizarrement semblable à eux-mêmes » quelle que soit leur échelle. A chaque nouveau passage de l’astre, une nouvelle orbite en découle sans possibilité de prévoir précisément sa localisation.

Ces attracteurs étranges appartiennent donc à un système chaotique. Or le chaos est défini comme une «  propriété qui caractérise un système dynamique dont le comportement dans l’espace des phases dépend de manière extrêmement sensible des conditions initiales » (p 449). Nous ne sommes donc pas là dans un système antinomique par rapport aux lois déterministes utilisées par S. Freud. En effet, « chaos ne signifie pas désordre total. Le chaos est déterministe et le désordre est bridé  »( p 145). En revanche, bien que bridé par un ensemble de possible, les résultantes d’une opération dans un système chaotique sont impossibles à prévoir. Nous entrons donc dans le domaine des probabilités. Cette théorie va une nouvelle fois à l’encontre de ce que Newton et Laplace avaient pronostiqué : nous ne sommes pas dans une « mécanique parfaitement huilée » où tout changement peut se prévoir avec certitude.

Trinh Xuan Thuan fait remarquer que ces attracteurs ont une structure fractale qui leur permet de contenir une infinité de possibles. Quoi qu’il en soit, ils exercent une force de gravitation, force définie comme suit : « force qui attire un objet vers un autre, et qui est proportionnelle au produit des masses de ces objets et inversement proportionnelle au carré de la distance les séparant. » (p 451).