Auteurs et théories utilisant des modèles mathématiques ou physiques

Certains auteurs, dans la littérature analytique, ont trouvé de l’intérêt dans la recherche à déplacer et transplanter des modèles mathématiques et physiques dans le champ de nos préoccupations théoriques et cliniques. Outre la transplantation et les effets heuristiques qu’elle peut générer, cette inclusion est intéressante ne serait-ce que sur un plan philosophique. D. Anzieu (1994), dans l’un de ses ouvrages terminal et synthétique sur la question des enveloppes psychiques, du moi-peau et des contenants de pensée, reprend par exemple les théorèmes de Gödel sur le principe d’incomplétude. Selon ce principe, la notion de consistance d’un système de pensée entraîne la notion concomitante d’incomplétude. Autrement dit, « Aucun système logique ne saurait être suffisant : son incomplétude inscrit dans le système lui-même la trace de son étayage originel sur un système relationnel symbiotique obéissant à une logique de l’inclusion réciproque » (ibid p 66). Cela me semble conditionner l’ouverture de la recherche en psychologie clinique sur d’autres champs.

D. Anzieu (1994) tente également dans cet ouvrage d’apporter une théorie globale du changement dans le référentiel analytique, chose qui selon lui est absente dans la pensée de S. Freud.

Dans son effort de rapprochement, voire de réunification des modèles psychanalytiques avec d’autres grands modèles de pensée, D. Anzieu place dans sa proposition 37 « l’idée qu’il n’y a pas de principe clair de changement » en psychologie clinique. Les notions de conflictualité, de souffrance et de démarches pour les résoudre prendraient le pas sur celles du changement proprement dit dans l’œuvre freudienne. La notion de mutation, qui opère selon D. Anzieu tout au long de cette oeuvre, n’inclut pas celle de changements radicaux. C’est à partir de là que D. Anzieu propose, pour compléter cette notion, son rapprochement avec des modèles extérieurs tels que la Gestaltthéorie ou encore la théorie mathématique des catastrophes, « c’est-à-dire, rajoute-t-il, des changements brusques en direction d’un « bassin d’attraction » ». (p 63). Nous verrons plus loin comment D. Houzel (1987, 2000) a appliqué ce second modèle dans le domaine de la création. Mais pour l’heure constatons que là encore la loi déterministe causale n’est pas de mise.

Voyons à présent comment ces différents auteurs ont fait de ces données extérieures des apports redynamisant notre vision théorique et clinique.