5-5- Equation possible pour représenter la dynamique fractale dans le champ psychique

Un lien traumatique survenu à une époque  a créé un attracteur traumatique de dimension X (commodité de formulation pour indiquer la dimension une). Plus tard, à une époque T + 1, admettons qu’une relation particulière se joue en psychothérapie, cette relation Y a des probabilités de chance  de réactiver le traumatisme. Si tel est le cas, nous avons une relation additionnelle de type X + Y qui va se jouer dans la dimension 2. Cependant X aura été transformé selon les conditions de fonctionnement actuel du sujet qui le contient, ou pour mieux dire, il aura été soumis à de nouvelles contraintes de travail. Toutefois, si ce X est un fueros primaire, nous pouvons penser qu’il a moins de chance d’être soumis à ces transformations et plus de chances de réapparaître avec son quantum d’affect initial. En dimension 3, celle de la trace graphique qui va permettre l’expression de ce retentissement interne, la donnée supplémentaire (Z) est psychomotrice et elle répondra plus ou moins aux exigences de X et Y selon que ces dernières dominent ou non le système qui va les excorporer.

Je précise excorporer, c’est-à-dire envoyer autre part, rejeter du système psychique dans la conceptualisation d’A. Green. Néanmoins l’élément excorporé ne peut revêtir des aspects représentatifs, et nous le verrons plus loin, auto-méta-représentatifs, s’il est repris par un appareil psychique apte à le transformer. Je parle ici de transformation selon le modèle qu’en a proposé W. R. Bion. En dehors de cet objet, l’excorporation se limite à un processus de déflexion pulsionnelle pure.

Cette équation, fractale, est simplifiée à l’extrême ici. La clinique, la réalité apportée par l’observation clinique, rend les choses beaucoup plus complexes et heureusement : sinon il suffirait de chercher à identifier une structure et de s’en arrêter là, par manque d’évolutivité de celle-ci. Sans cela nous aurions affaire à une chronicisation de tout travail interprétatif et par conséquent créatif. En terme de chaos déterministe , l’attracteur étrange et le bassin d’attraction qu’il met en place crée en continue dans un ensemble fermé, un ensemble de phénomènes similaires, jamais identiques. Il peut exister une part annexe d’indétermination quantique là où il n’y avait que modèle fractal.

Toutes les variations dont nous ne sommes pas que simples spectateurs dans les graphismes de notre groupe de sujets psychotiques et autistes montrent bien non seulement l’influence de l’environnement mais aussi celle des attracteurs internes du moment. La dimension tranféro-contre-tranférentielle ne peut plus être séparée de ce processus graphique et en devient condition sine qua non et nous en comprenons les raisons avec ce type de paradigme. L’aspect positif est alors qu’il est possible de travailler et prendre plaisir à travailler sur le psychisme de n’importe quel type de population, fut-ce t-elle la plus « régressée », du nouveau est toujours possible. L’aspect délicat en revanche en est la complexité d’analyse : dans la confusion régnante, qu’est-ce qui vient de soi, qu’est-ce qui vient de l’autre ?

Reste qu’une fois posé et démontré que ces expériences de traces graphiques peuvent fonctionner comme des plus petits communs dénominateurs, il semble utile de nous questionner sur les contenus qu’elles peuvent réactualiser. Cela fera l’objet de la partie suivante.

Toutefois, je voudrais avant cela fournir quelques éléments cliniques nécessaires pour un peu mieux affirmer ces hypothèse. Je propose pour cela de retrouver les sujets présentés ci-dessus afin de repérer les différentes liaisons en cascade qui unissent chacun d’eux avec ce que nous savons de leur vécu, petite enfance, relation familiale. Nous tenterons de distinguer dans leur relation intersubjective ce qui se rejoue dans leur relation intrapsychique ainsi que la façon dont ils font resurgir cela dans leurs traces au sein de l’atelier. Aussi prendrons-nous des situations relativement récurrentes et paradigmatiques susceptibles de souligner la vraisemblance de notre modèle. Nous rentrerons plus tard dans le détail des diverses relations intersubjectives en travaillant d’autres aspects de nos hypothèses.