Troisième exemple 1 : Le jeu avec la pulsion anale

Dans l’atelier, Francis trace différemment selon que nous sommes complaisants et proches de lui ou bien un peu plus éloignés, concentrés sur d’autres sujets du groupe ou bien encore si nous interprétons son égarement temporaire. La première dimension est donc ici d’ordre transféro-contre-transférentielle et fait resurgir, en fonction de l’objet externe, des objets internes attracteurs particuliers qui vont rejaillir en cascade au niveau intra ainsi qu’au niveau des traces graphiques.

Nous avons ainsi remarqué que lorsque nous étions proches et complaisants, lorsque, ne pouvant substantiellement pas renvoyer son égarement géographique sur un égarement psychocorporel, lorsque, par exemple, Agnès est assise à ses côté et dessine avec lui, Francis rougit et sourit, ses traces graphiques sont alors très importantes. Cette prolixité nous fait directement songer à ses défécations qu’il ne réserve qu’à sa mère ou à des amis de sa mère. Francis se relâche soudain, il relâche sa matière interne rougeoyante (utilise beaucoup la couleur rouge). Sur le plan économique, les quantités importantes relâchées sont comme directement proportionnelles à sa contention préalable. L’envahissement de l’espace de l’autre est encore une fois d’actualité.

En revanche, si nous le replaçons dans son corps, dans son ici et maintenant sans le laisser partir dans une sorte d’hallucinatoire (nous reviendrons sur cette notion), alors Francis peut dessiner des formes très densifiées venant se mettre en contre. Ces barrières nous semblent des limites défensives destinées à le protéger d’une charge affective trop forte, d’une symbolisation primaire et secondaire (nous y mettons des mots) à fuir.

La dimension une entraîne en deux (l’intra) le besoin, la nécessité d’une protection, la quantité des balayages rythmiques est alors moindre mais plus condensée.

Par rapport à la problématique anale, tout se passe alors comme si Francis cherchait à se constituer par le biais de ses traces, un contenant anal, un « claustrum » pour reprendre le terme de Meltzer (1992), avec tous les objets internes sadiques et tyranniques inhérents. Ici, la fractalisation peut se lire ainsi : notre refus de le laisser s’échapper, de le laisser partir, en vagance, crée une limite, une forme fermée, une tentative de recréer l’enveloppe défaillante, cela entraîne peut-être chez lui des angoisses de type claustrophobiques qui trouvent une figuration dans la fermeture, Francis se renferme, ne sourit plus. Au final, en dimension trois, Francis trace une fermeture en demi lune qui, au fond, est une figuration de ce que nous avons voulu lui apporter (la fermeture de l’espace contenant). Cette manifestation est à la fois caractéristique, sur le plan pulsionnel, de la rétention anale mais est aussi d’une première figuration transférentielle de nos buts.

Je rappellerai ici un fait : on voit bien ici que la fractalisation ne s’exprime pas seulement par une relation en cascade : l’irrégularité crée au fond une indistinction entre les dimensions, toutes sont communément mêlées et nous n’avons pas là de possibilité de travailler sur des chiffres entiers. Pour un complément d’analyse, le lecteur peut se reporter à la partie 4 concernant notre apport thérapeutique.