7-1-3 Quelques éléments biographiques

Je tracerai ici les parties essentielles de sa biographie,

Francis de Lassus Saint-Geniès 55 naît en 1925 en Bretagne dans une famille aristocratique. Sa parentèle est composée pour une grande part de militaires mais aussi d’artistes. Sa grand-mère paternelle était la fille d’un compositeur musical Charles Gounod. Quoique décrite comme stricte et exigeante elle était elle-même passionnée par l’art (tenait un salon littéraire) et a probablement influencé en cela son fils, père de Saint-Geniès, également décrit comme homme d’art, aimant écrire de la poésie, connaissant en outre personnellement Marcel Proust et Paul Valéry, et féru de musique classique. Quant à la mère du peintre, peu de choses sont dites à son sujet hormis qu’elle aurait aussi joué un rôle dans la prédisposition du peintre pour son œuvre. Il nous est par ailleurs appris, moins dans les thèmes exploités par le peintre que dans la façon dont ils le sont, qu’elle possède de ses ancêtres de nombreux châteaux tombant en ruine. Etrangement, nous n’en savons guère plus sur cette mère. Enfin, il est écrit que, pour les parents de Francis, la moindre de ses activités est considérée comme « extraordinaire ».

Cette confiance extrême n’empêchera pourtant pas une constitution somato-psychique fragile l’emmenant à être souvent souffreteux, fiévreux. C’est consigné dans sa chambre, au lit, qu’il commencera à dessiner ses premières gravures. Philippe Cusin écrit que ce fut en fixant longuement les motifs figurant sur le papier peint de cette chambre qu’il se mit à les recopier en proie probablement à des sortes d’hallucinations d’ordre hypnagogiques.

J’émets l’hypothèse que ce fut là, dans cet espace familier, que Saint-Geniès réinventa le dessin historisant, cherchant à mettre en mouvement des formes en se servant d’un art qui ne le permet pas (nous ne sommes pas dans le domaine de la bande dessinée). En l’occurrence, nous le verrons plus tard, le peintre a toujours cherché à écrire une histoire qui se situerait dans un espace-temps dépassant les limites imposées par le cadre de la toile. Au final, ses maladies à répétition entacheront son parcours scolaire mais non son esprit créateur qui l’amènera à développer par conséquent dans un premier temps de grandes perspectives à l’intérieur d’un espace restreint (aussi bien par le lieu où la création s’effectue que par l’espace sur laquelle elle s’effectue).

Pourtant Saint-Geniès n’a pas passé toute son enfance confiné dans des espaces exigus, il occupa également son temps, quand il n’était pas malade, à garder des chèvres dans sa région natale, la Bretagne. Sa scolarité, bien qu’aimant lire les ouvrages conservés dans la bibliothèque parentale, n’est, faute de bonne santé, pas très réussie et pourtant sa culture, au vu des nombreux thèmes abordés dans son œuvre, n’en sera pas pour autant handicapée.

Il commencera sa carrière professionnelle en travaillant comme affichiste jusqu’à ce que le développement des techniques photographiques vienne concurrencer cette profession, il deviendra alors lithographe dans une revue pour enfant puis, n’ayant jamais arrêté de peindre, se fera connaître de ce milieu.

A partir de cette trame générale qui nous servira de fil conducteur dans notre réflexion, rentrons à présent dans le vif de notre propos.

Notes
55.

Saint-Geniès est un « nom de plume » qu’il gardera toute sa vie.