Rêve et création : un retour de vécus archaïques

Dans le rêve, il en va de même. Ainsi me permettrai-je ici de reprendre un rêve publié par S. Freud dans son L’interprétation des rêves. Le rêve d’un chimiste 58 met en scène le rêveur dans une situation où il se liquéfie. Devenu magnésium dans un alambic, il sent ses pieds se décomposer, ses genoux s’amollir avant de réussir à se sortir de cette situation. Dans un demi sommeil, il se répète la formule entrevue dans le rêve (phényl) afin d’en parler à son analyste puis se rendort et effectue un second rêve dans lequel, alors qu’il doit se rendre à un rendez-vous galant, il ne parvient pas à se réveiller à l’heure et, se retrouvant dans un deuxième temps auprès de sa famille, finit par y renoncer. Freud élabore à partir de ces deux rêves successifs une problématique à la fois transférentielle et Oedipienne qu’il recherche au niveau du matériel dans les contenus manifestes de la veille. Il recherche les mouvements d’identifications entre d’une part un étudiant de ce chimiste avec qui une opération de dissolution de magnésium dans l’éther a eu lieu peu avant le rêve, sans conséquences particulières (alors que deux jours avant elle avait abouti à une explosion) et d’autre part entre lui et son patient. Freud aborde la problématique de la castration chez son patient en établissant un parallèle, pour les deux rêves, avec un autre contenu de la veille dans lequel il dansait avec une femme de façon rapprochée et tactile.

Notes
58.

S. Freud. L’interprétation des rêves. P 406- 409