Illustration clinique

En reprenant le cas de cette patiente somatique, A. Missenard nous dit qu’elle rêve initialement avec ces premières formes géométriques, une évolution va se faire faisant passer ses contenus oniriques par des figures monstrueuses et menaçantes (faisant plus penser à la position paranoïde-schizoïde ou encore à une période de double narcissique ouvrant sur l’altérité et la crainte de l’inconnu) pour accéder à un rêve déterminant dans lequel elle voit tout d’abord un enfant sortir d’un sein puis d’un « texte écrit avec une encre colorée dont une part est visible et l’autre cachée ». (A. Missenard, 1987, p 82). Ces rêves « d’avant le temps », « préhistoriques », à « usage nul de matériel préconscient », n’en renvoient pas moins à des périodes anciennes dans lesquelles le travail d’élaboration psychique continuait à se déployer et s’enrichir. Ici, le fait de sortir d’une matrice physique précède la sortie d’une sorte de langue maternelle encore chosifiée et non totalement symbolisée.

En ce qui concerne les processus de création, ces questions du conteneur renvoient au problème de la symbolisation. R. Roussillon (1998) insiste sur le fait que créer pour d’autres, externaliser des contenus internes, n’est pas équivalent au fait de symboliser. Symboliser renvoie au processus de transitionnalisation interne qui vise à réduire l’écart entre le trouvé et le créé et n’est en effet pas toujours atteint dans l’acte créateur.