7-2-3- Un espace temps indéterminé ?

7-2-3-1-Sur une dialectique commune entre forme et fond

Cette dialectique dans les rêves

Si l’homme se « dévêt de ses vêtements pour entrer dans le sommeil » (S. Freud, 1915), il en fait autant pour rentrer en phase de sommeil paradoxal, propre aux rêves, renonçant à la « plupart de ses acquisitions psychiques » (p 124). Mais de quelle nature sont les rapports entre fond et formes dans les images proposées par les rêves ? Du fait du retour au narcissisme primaire, du fait de la régression topique préconscient inconscient, Freud répond à cette question en soulignant le retour du rêveur dans le corps maternel. Cette reviviscence créerait ainsi un fond, un décor sur lequel viendrait s’étayer les images du rêves, soumises comme on l’a vu, à un travail de transformation. Ainsi, les pensées abstraites peuvent se transformer en langage figuratif pour autant qu’elles bénéficient de l’étayage suffisant et chaleureux d’une mère bienveillante placée en arrière fond. Dans la conceptualisation d’A. Green, nous pourrions avancer que l’hallucination positive de l’image s’étaye sur l’hallucination négative d’une enveloppe maternelle sécurisante.

Quand cette dernière fait défaut, nous l’avons vu avec le rêve du chimiste, l’enveloppe du rêve se voit soudain défaillante, le réveil survient. L’espace de sécurité s’estompe, paraissant fondre avec le reste, les forces inconscientes (refoulées ou clivées) se frayent un chemin dans le système préconscient / conscient, débordant de fait ses capacités de censure. En revanche, en ce qui concerne le rêve de la patiente somatique proposé par A. Missenard, les formes géométriques sont, comme je l’ai montré, suffisamment contenantes, puisqu’il y a symbolisation corporelle en appui sur la surface de l’objet, pour éviter le réveil. Tout se passe alors comme si l’enveloppe maternelle, par défaut d’incorporation psychique puis d’introjection, était encore confondue avec une partie du percept.

En somme là où l’expérience de fusion du premier rêve est traumatique puisque n’aboutit pas le travail de symbolisation élémentiel, l’intervention des représentations de figures géométriques revêt un degré progrédient nécessaire pour que l’espace du rêve continue à se déployer.