7-2-3-2- Un indéterminé temporel ?

Bien que Freud ait souligné l’indétermination temporelle propre à l’inconscient, il nous apparaît au travers de l’analyse des rêves que certaines configurations psychopathologiques peuvent renvoyer à des stades plus ou moins archaïques de la vie psychique. Il semblerait en aller de même dans le domaine de la création plastique, certaines figurations renvoyant à des vécus anciens. Si l’inconscient n’accède pas à la temporalité linéaire que nous appréhendons consciemment, il semble bien qu’ils conserve une mémoire des contenus psychiques, fût-ce sous forme de ce que S. Freud à appeler fueros primaires. Ces contenus, qu’ils soient clivés ou refoulés, renverraient à une temporalité qui pourrait alors faire retour en certaines circonstances et réapparaîtraient selon l’équation proposée plus haut.

Le dernier texte de D.C. Winnicott sur « La crainte de l’effondrement » (publié en 1975) le confirme. Il montre que des angoisses catastrophiques redoutées pour l’avenir par certains de ses patients ont été des angoisses vécues par le passé. Dans cette perspective, passé et futur se côtoient sans que leurs auteurs n’en aient conscience. Nul doute que dans le processus créateur, et notamment en peinture où les représentations-choses surgissent de façon plus ou moins brute, la multiplication des tableaux pour un artiste l’amène à faire des progrès qui paradoxalement peuvent renvoyer vers des contenus psychiques issus de zones toujours plus originaires (forme de progrès en arrière), dans un rebroussement temporel qui néanmoins ne sera jamais le même que celui décrit par l’auteur de science fiction américain Ph. K. Dick 66 .

Notes
66.

Ph K. Dick. A rebrousse-temps in Dédalle sans fin. Coll Omnibus. 1967. Là l’involution temporelle se joue selon des codes similaires aux nôtre quoi qu’inversés.