La configuration fétichiste dans la création picturale

Replaçons à présent les avatars de cette enveloppe visuelle à configuration fétichiste dans le contexte de la création picturale :

  • Dans la première configuration la répétition du même à l’identique ne parvient pas à symboliser l’événement traumatique, nous sommes dans un modèle de rêve traumatique sans transformations possibles. Le pôle du masochisme primaire, véhiculé par les pulsions de mort, s’octroie une place centrale.
  • Dans la deuxième configuration, l’œuvre peinte, en tant qu’analogon de l’espace psychique, est collée à son créateur sans espace potentiel distinguant les deux. L’espace transitionnel n’est pas atteint. Une partie de l’œuvre de De Staël, que nous étudierons plus loin, servira d’illustration sur ce point. Sur le plan onirique, nous sommes ici dans les périodes d’indistinction rêve- cauchemar et réalité liées, dans le champ des psychopathologies de la vie quotidienne, aux périodes difficiles, de crise ou simplement à la persistance d’un rêve angoissant ou « incarné » lors du réveil.
  • Dans la troisième configuration, l’œuvre est insuffisante, elle n’est ni contenante, ni conteneur ; les objets fétiches qu’elle contient ne sont pas contenus, peut-être sont-ils trouvés / détruits ? En ce qui concerne le travail du rêve, il est interrompu, comme nous l’avons vu plus haut, par défaut d’enveloppe.
  • Enfin, dans la dernière configuration, la dévaluation du moi idéal en objet à fécaliser peut aller jusqu’à la destruction de l’œuvre et mener au processus de trouvé-créé- détruit. Or, étant donné que détruire l’œuvre revient à se détruire soi-même, l’autodestruction touche les deux protagonistes.

Au fond retrouver l’objet fétiche équivaut à retrouver, dans un mouvement d’emprise, l’objet qui va permettre de se protéger contre la perception dangereuse, voir l’objet qui va permettre de faire retour sur la phase du double unaire, phase dans laquelle la mère suffisamment bonne était une partie intégrante du tout, formant ainsi l’identité du bébé. Grâce à la fonction contenante de l’objet fétiche une partie de la personne (clivage) dénie le manque et évite la menace faite au moi.

J’étayerai ces propos à l’aide d’une œuvre picturale les illustrant à la fois