7-5- Autre exemple de lien entre symbolisation élémentielle et peinture. Nicolas De Staël : entre ciel et terre

Nous tenterons de trouver les aspects fractals se déclinant selon plusieurs dimensions toutes intriquées, quoi que homomorphiques.

7-5-1-Présentation de la vie du peintre

Né à Saint-Pétersbourg en 1914, il est fils de Lubov Bérednikov, issue d’une famille de grande bourgeoisie locale, et du gouverneur de la forteresse de cette ville. Sa mère est passionnée de musique et de peinture. A l’âge de 3 ans, sous la pression révolutionnaire, la famille quitte la forteresse et s’installe chez la grand- mère maternelle de Nicolas. Dans sa cinquième année, sous cette même pression révolutionnaire, la famille De Staël quitte précipitamment la Russie pour la Pologne. A 7 ans, son père décède. A 8 ans, sa mère fuit ce nouveau refuge avec ses trois enfants (Nicolas a alors deux sœurs) et leur gouvernante, pour aller s’installer près de dantzig.

Quelques mois plus tard, la mère décède d’un cancer. Les trois enfants sont alors envoyés en Belgique en famille d’accueil. L’homme, ayant vécu à Saint-Pétersbourg, est ingénieur et s’occupe de la Croix Rouge avec sa femme. De l’âge de 10 à 18 ans, entre 1924 et 1932, Nicolas de Staël poursuit des études, où il s’entend mal avec ses professeurs, et commence à visiter les galeries de peintures avec sa sœur Olga. A 19 ans, il s’inscrit aux beaux-arts pour suivre des cours d’architecture puis de dessin classique et ce, en dépit des réticences de son père adoptif (qui eût préféré qu’il entreprennât des études d’ingénieur). Il commence alors ses voyages par le Sud de la France où il découvre les œuvres de Cézanne, Matisse, Braque, Soutine. Au cours de ses différents voyages, notamment l’Espagne à 20 ans, il prêtera toujours un œil attentif aux artistes locaux. A cette époque, il dessine beaucoup et peint quelques aquarelles.

A 22 ans il commence à exposer à Bruxelles et remporte un concours à l’issu duquel il gagne un voyage au Maroc. Il y restera un an et demi. Il continue à s’intéresser à la peinture et particulièrement, sur le plan technique, aux résonances des couleurs sur le tableau. Visiblement tourmenté, il était également déjà attiré par le négatif, s’interrogeait sur le suicide de Van Gogh ou le désespoir de Hall ou encore la fureur auto-centrée de Delacroix. En 1937, il rencontre sa future femme avec qui il va s’exiler une nouvelle fois, pour l’Algérie. En 1938, ils visitent tous deux l’Italie. Là son apprentissage se poursuit. A 25 ans, il réalise une fresque qui représente la pavillon français à l’exposition internationale de Liège. S’engageant ensuite dans la légion étrangère, il part pour l’Algérie à 26 ans. De retour auprès de sa femme, ils survivent tous deux de la vente de quelques dessins. En 1942 naît sa fille Anne. Il commence au cours de cette année à peindre sa première œuvre abstraite.

En 1943, ils vivent à Paris dans le dénuement le plus total, brûlent les encadrements de portes pour se chauffer quoi que cela n’empêche pas Nicolas de continuer à peindre notamment sur les draps de lit. Il commence dés 1944 à avoir du succès auprès d’un public toutefois « éclairé ». Il rencontre beaucoup d’artistes à cette époque En 1945, sa femme, Jeannine, tombe gravement malade. Elle meurt en février 1946. Trois mois plus tard il épouse Françoise Chapouton. En 1947 naît sa seconde fille. Il rencontre plus tard un marchand américain qui fera connaître ses œuvres outre-atlantique. Il continue à peindre en reprenant constamment plusieurs de ses toiles. En 1950, il écrit dans l’une de ses correspondances que sa « façon de considérer l’espace est toute nouvelle ». En 1951, il rencontre René Char, une amitié et un livre en découleront. Cela ravive l’espoir chez de Staël, le ramène à des époques passées. Bien qu’il revienne sur une forme de figuration en 1952, De Staël peint toujours au couteau. Il passe temporairement à la sculpture. En 1954 naît son troisième enfant.

En septembre 1954, il s’installe à Antibes sur les remparts où il « peint frénétiquement ». Il se plaint alors de ne pouvoir « maîtriser » ses toiles, d’en être réduit au vertige qu’elles lui renvoient. Alors qu’en 1955 il prépare deux expositions, il ne parviendra pas à cette échéance, se suicidant le 16 mars en se jetant de la fenêtre de son atelier dominant les remparts d’Antibes.